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Témoignages de 77 auditeurs (2)

(Premier semestre 2002)

Témoignages de 77 auditeurs répondant à une enquête effectuée par le Rassemblement des Auditeurs Contre la Casse de France Culture (RACCFC), durant le premier semestre 2002 (notamment au festival d’Avignon).

Réponses à la question : " Etes vous content de la nouvelle formule introduite à France Culture depuis 1997 avec l’arrivée à la direction de la chaîne de Patrice Gélinet, puis de Laure Adler ? "

Ces réponses, publiées avec l’autorisation du RACCF, ne sont peut-être pas repésentatives, mais elle sont significatives.

Depuis quelques temps, lorsque j’allume la radio sur France Culture, j’entends trop parler de politique. Ce n’est plus de la culture, mais de l’information.

G.Q. (49)


La qualité de l’émission de Jean Lebrun le matin me manque. Qualité, je ne crois pas que ce soit synonyme d’ennui, ni d’élitisme. Pourquoi aller avec l’air du temps (dans ce qu’il ne sent pas bon), les raccourcis, les reader-digest, le style zapping ! pourquoi ne pas rester à humer l’air fin et léger du matin ? Dans le calme et la profondeur. Panorama me manque aussi beaucoup. Je trouve qu’il y a aussi maintenant trop d’émissions religieuses. Je souhaiterais plus de poésie, plus souvent, plus longtemps. Pourquoi ne pas faire entendre des voix dans leur langue maternelle puis traduire. Ne pas faire une superposition inaudible et inintéressante.

J.F. (13)


Jusqu’en 1997, France Culture affirmait " Le Monde appartient à ceux qui l’écoutent ". Aujourd’hui, le PDG de Radio France proclame : " Le programme doit répondre à la loi du marché ". La direction de Laure Adler est claire :

 Eloigner les artistes comédiens qui, par définition sont incontrôlables.

 Faire la promotion (et l’achat) des éditorialistes de toute la presse (du Diplo à Charlie) on peut créer une majorité.

 En favorisant le népotisme et la promotion des amis, s’assurer de l’obéissance. En résumé, mettre son charme et son intelligence au service du patron du Monde, et promouvoir, dans la " création " dramatique l’incompétence liée aux copains de l’édition.

Et Madame Tasca (dont l’action a une responsabilité dans la retraite de Mr Jospin), pourtant naguère favorable et amie d’artistes libres et très talentueux a aidé à l’exclusion de nombre de comédiens, à la fermeture aux auteurs peut-être incorrects. "

P.G.


Votre bataille est remarquable. Comme hispanophone, mon " point de jonction " avec la langue de Molière était toujours France Culture que j’écoutais avec passion, surtout les dramatiques du dimanche. Mais, depuis plus d’un an, je ne le fais plus, je ne le fais plus depuis la " montée " de Mme Adler. En effet, depuis cette malheureuse date, France Culture me semble une radio décapitée, sans substance. J’enseigne l’espagnol et Mme Adler, à mon avis, est sur la même longueur d’onde que le Ministre de l’Education et ses nouveaux spécialistes en pédagogie qui prônent à tout vent : le zapping. Et oui, le zapping. Tout ce qui est sérieux, attachant, qui nous fait rêver par sa profondeur philosophique, culturelle, etc. devient encyclopédique, hors de sujet, lourd, etc. Donc, la solution pour le petit peuple fatigué est le zapping pour rien apprendre, ou tout au moins, faire semblant. On nous dit, dans mon métier, faites vite, changez de sujet, il faut rayer de la liste les aspects culturels, etc. Ainsi, on peut faire deux à trois mini (plutôt minus) textes en une heure. A la fin, les élèves n’ont rien compris, ou très peu. Cette politique de casse, aujourd’hui trouve son point culminant dans la nouvelle réforme de Mr Jack Lang : " les itinéraires de découverte ", qui suppriment deux à trois heures de cours par semaine au collège, pour les remplacer par des cours improvisés bidon, hors programme, etc. C’est cette situation, qui me rappelle en quelque sorte, la programmation de France Culture. Des programmes de 10 minutes, 20 minutes, etc., mélangées pêle-mêle.

M.S.


Nous sommes passés (après septembre 97) de programmes culturels d’une excellente qualité, dont on attendait (voire enregistrait) chaque jour les émissions, à des programmes très conformistes, " branchés ", superficiels et souvent sans grand intérêt, d’où, parfois émergent de bonnes émissions : comme Les Chemins de la Connaissance ou La Matinée des Autres (elles existaient avant). Mais celles-ci, noyées dans la médiocrité, font que nous les oublions souvent (pour ne pas dire toujours). Ainsi, les auteurs de cette nouvelle grille ont réussi ce tour de force : écoeurer les passionnés de France Culture d’avant 97, les " défidèliser ". Je ne l’écoute qu’exceptionnellement (dans l’espoir d’un changement) : une parfois deux fois par semaine. Une exception : Les Décraqués (bien trop courte) et Les Papous dans la Tête, qui restent des émissions d’une qualité poétique et ludique unique (alibis des nouveaux programmes ?). Mais, hélas, il m’arrive souvent de les manquer, car j’évite La Suite dans les Idées.

J.M.T. (78)


Trop, trop, trop de politique. L’actualité est sur-représentée à l’antenne. Hors, plus on parle d’un évènement (le plus souvent négatif) et plus on lui donne d’énergie. Quel intérêt pour France Culture et ses auditeurs ?

M.P.A.


J’aimais bien Le Rythme et la Raison de 20h à 20h30. Les Enjeux Internationaux étaient à un horaire qui convenait beaucoup mieux.

M.R.B. (13)


Remarques fondamentales :

 1.La qualité d’une émission doit donner la sensation d’avoir le temps devant soi.

 2.Liberté d’écoute sur des ondes de plus en plus parasitées. Que vive France Culture.

L.F.


C’était mieux avant, parce qu’avant c’était pas comme ailleurs.

P.P. (75)


Légère amélioration. Mais le niveau, tout en étant largement compréhensible, pourrait néanmoins s’élever d’un ou deux crans avec plus de créations.

G.S. (74)


Médiocrité de certains programmes, comme celui de Pierre Assouline. Flou de l’identité globale de la chaîne.

J.L. (75)


Tous les témoignages : (1), (2), (3), (4), (5).

 
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