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Socpresse : Dassault rentabilise, les salariés se mobilisent

A la faveur des départs de journalistes au titre de la clause de cession à l’occasion de la prise de contrôle de la Socpresse par Serge Dassault, « on » rentabilise : la plupart des journalistes ne seront pas remplacés.

 Grève des journalistes du Progrès (Lyon)

Alors que 52 journalistes (et non 44, comme il avait été annoncé en décembre) ont choisi de quitter Le Progrès (Lyon), propriété de la Socpresse, au titre de la clause de cession, la direction propose ... 7 remplacements.

Dans un communiqué, le SNJ - syndicat majoritaire au sein de la rédaction - précise : « La rédaction du Progrès compte actuellement 322 journalistes et elle serait ramenée à 277 personnes après les départs, soit seulement sept remplacements, notamment par le jeu de changements de statut sur des postes déjà existants. » Autrement dit, explique le communiqué, l’application de la clause de cession est « une merveilleuse opportunité pour réaliser un plan social déguisé ».

Conséquence : un appel à la grève pour vendredi dernier 21 janvier 2005.

 Grève des journalistes de La Tribune-Le Progrès (Saint-Etienne).

A la suite de mouvement de grève des journalistes ce quotidien régional (du groupe Socpresse...), distribué dans la Loire et en Haute-Loire, n’était pas dans les kiosques, le 25 janvier 2005.

 Mobilisations des journalistes de La Voix du Nord et de Nord-Eclair

Déjà en 2000, La Voix du Nord avait connu une vague de démissions de journalistes : soixante-sept d’entre eux (sur 285 rédacteurs) avaient fait jouer la clause de session, après la prise de contrôle du journal par le groupe Rossel qui détenait alors 58 % du capital via sa participation de 70 % dans Nord Investissement. 40 % de Rossel étaient déjà possédés par la Socpresse.

En 2002, la Socpresse version Hersant, qui possède déjà Nord Eclair, prend le contrôle du journal. Nouveaux départs.

Après la prise de contrôle de la Socpresse par Serge Dassault, 20 journalistes sur 272 ont fait jouer la classe de cession et 11 sur 58 à Nord Eclair. Selon le Directeur général de La Voix du Nord, Jacques Hardoin, la direction du groupe a proposé le remplacement de cinq journalistes sur 20 à La Voix du Nord et d’un journaliste sur les 11 à Nord-Eclair.

Au total, selon l’AFP, plus de 120 journalistes ont quitté la rédaction depuis 2000.

Un article paru dans Libération du mardi 25 janvier 2005 sous la signature de Haydée Sabéran - « Comment Dassault affame ses journaux du Nord » - le rappelle : « La dernière fois qu’on a senti ce sale goût, un journal est mort. Nord Matin a rendu l’âme au milieu des années 90, mangé par Nord Eclair, son grand frère. Aujourd’hui, c’est pour Nord Eclair qu’on craint le pire. ».

Et l’article de préciser que depuis 2002, « le journal roubaisien [Nord Eclair], qui n’a cessé de fermer des bureaux (à Valenciennes, à, Saint-André, etc.) continue de se ratatiner à la faveur de « synergies » avec la Voix. Fermeture de Béthune, de Villeneuve-d’Ascq. Une banque de données permet à Nord Eclair de reprendre des articles de son concurrent pour alimenter ses propres pages (Béthune, Bruay-Labuissière, Hénin-Beaumont, Carvin). Résultat, à Nord Eclair, des pages de bric et de broc, et un journaliste mobilisé uniquement pour faire du « copié-collé » de la Voix. »

Selon Haydée Sabéran, « le grand frère ne se porte guère mieux. Ses ventes s’érodent. Les journalistes de la Voix du Nord étouffent depuis plus de dix ans, coincés par les objectifs de rentabilité et le langage marketing d’une direction qui veut faire du journal un produit comme les autres. »

Conséquence : les journalistes de La Voix du Nord « en appellent à leurs confrères des autres titres pour l’organisation d’une journée d’action, le 27 janvier, à l’occasion de la réunion du comité du groupe Socpresse » (Communiqué). Et Libé de commenter : « Les salariés des deux journaux vont tenter de s’unir, vendredi, face à Dassault, dans une assemblée générale commune. Ça urge. Pour le Petit Poucet, c’est une question de vie ou de mort. »

Et pendant ce temps, les affaires continuent : le quotidien La Voix du Nord et sa filiale de production audiovisuelle NEP TV (37,98% du capital) sont sur le point de prendre le contrôle de la chaîne de télévision locale lilloise C9 Télévision. Créée en 1987, C9 Télévision - jusque là, propriété du groupe Véolia Environnement (eau, énergie, transports, etc.) est suivie par 400 000 téléspectateurs en moyenne sur le bassin lillois.

 
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