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Reuters et l’OMC : la voix de ses maîtres

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Selon Greg Palast, journaliste de The Observer, le dirigeant de Reuters, Henry Manisty, a déclaré qu’il " se demandait comment faire passer les vues des groupes financiers de manière optimale au grand public ". Reuters, a-t-il déclaré, " leur donnerait bien volontiers de la publicité ".

Le texte de Greg Palast était disponible sur le site de transnational.org (lien périmé, 14 mars 2010)

Après la réunion de l’OMC

Voici quelques extraits d’une dépêche de l’Agence Reuters, véritable apologie de l’accord final, dont le titre seul est tout un programme :

" L’OMC pose les premiers jalons pour une mondialisation régulée " " par Yves Clarisse - Doha (Reuters) "

On peut y lire, en guise de journalisme économique, un compte-rendu qui épouse le bilan le plus favorable que puisse donner de la réunion de Doha, la version la plus optimiste que puissent rêver les participants des pays dominants.

Voici ce que cela donne :

" Les 142 pays de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont conclu un accord qui pose les jalons d’une régulation de la mondialisation en faveur des pays en développement et des citoyens. Après six jours et quelques nuits blanches de pourparlers souvent proches de l’échec et qui ont démontré la complexité d’une négociation planétaire où les décisions se prennent à l’unanimité, le fiasco de Seattle a été effacé. "

A l’appui de cette audacieuse affirmation, la journaliste se contente de citer l’un de ses maîtres :

« ""Aujourd’hui les membres de l’Organisation mondiale du commerce ont envoyé un puissant message vers le monde. Nous avons effacé la tache de Seattle", a déclaré le représentant américain au Commerce, Robert Zoellick. »

Plus loin, sous titre : " Victoire des pays en développement ", l’article, pour introduire cette " victoire ", commence par citer un autre des ses maîtres-à-penser :

« "Dans cette affaire, il n’y a pas de perdant", a déclaré le secrétaire d’Etat français au Commerce, François Huwart. », que notre zélé porte-voix commente ainsi :

« Les gagnants incontestés sont les pays en développement qui, dans le passé, devaient se contenter de signer les accords conclus par les Etats-Unis et l’UE, alors qu’ils ont pesé à Doha, l’Inde étant leur porte-parole le plus radical. »

On apprend ainsi qu’un " compromis historique " - rien de moins - " a également été conclu sur l’accès aux médicaments des pays pauvres en cas de pandémie comme le Sida, la tuberculose ou la malaria, malgré la résistance des Etats-Unis, de la Suisse et des entreprises pharmaceutiques ".

Tout le reste est à l’avenant : " L’Union européenne n’a quant à elle pas perdu la face " ; " le résultat est plus mitigé sur l’environnement, où l’ouverture de négociations sur l’étiquetage des produits alimentaires et la concrétisation du principe de précaution sont loin d’être acquises ".

Et pas un mot sur la dimension proprement sociale de ce formidable " succès ".

 
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