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Rédactions nationales de France Télévisions : Mensonges en fusion (SNJ)

Massivement désavoué par les journalistes de France 3 en juin (lire ici même : « Record de défiance à l’égard de Thierry Tuillier »), Thierry Tuillier persiste. Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ de France Télévisions. (Acrimed)

Depuis deux ans la direction de l’information nous martèle qu’il n’y aura pas de fusion des rédactions, uniquement des rapprochements techniques. Depuis des mois, le SNJ dénonce cette stratégie du mensonge. Elle éclate maintenant au grand jour. Les salariés savent désormais quel crédit accorder à leurs dirigeants. La direction veut donc fondre trois rédactions différentes (France 2, France 3 national, FTV Info) en une, d’ici 2015.

Depuis l’annonce officielle de ce projet, mardi 11 septembre en Comité Central d’Entreprise, Thierry Thuillier dévoile son plan. Sous couvert d’évolutions structurelles et techniques, il annonce de nombreuses régressions éditoriales et sociales.

À quoi va ressembler cette rédaction unique, censée rassembler plus de 600 journalistes ? Rappelons que le modèle affiché de l’équipe "Info 2015" est la réforme de BBC-News. Une opération dont le résultat est douteux. Ce plan de restructuration, très contesté, s’avère sanglant : 2.000 suppressions d’emplois, dont 800 dans les rédactions. Une restructuration qui amène, selon sa tête pensante Mark Thompson, "une diminution des services".

En clair : la priorité n’est pas de faire mieux, mais de faire moins cher.

Cette rédaction unique serait, d’après Thierry Thuillier, composée de deux types de journalistes. D’un côté, ceux chargés "d’incarner" une édition : présentateurs, rédacteurs en chef, et quelques rédacteurs "vedettes" qui apparaîtront régulièrement en plateau. C’est toujours la même formule proposée avec obsession par le directeur de l’info : l’incarnation. Dans nos rédactions, cette logique a conduit certains grands reporters à imprimer une dépêche AFP au bureau pour aller la lire... depuis un point de direct ! Ce journalisme inspiré et débordant d’ambition serait garant de "l’identité et la diversité des éditions".

Mais quid des autres ? La majorité des journalistes de cette rédaction unique n’aura pas la chance d’être "rattachée" à une édition. Il faudra travailler pour tous les journaux, de "Télématin" jusqu’aux JT du soir en passant par les plates-formes internet. Répondre aux commandes passées par les éditions aux différents services de la rédaction unique. Des unités qui vont être profondément remaniées, transformées en prestataires de service. Un sujet est exigé en dernière minute ? Aucun problème, on envoie trois rédacteurs tourner des éléments pendant qu’un quatrième (qui ne sort pas de France Télévisions) les assemble et les commente. C’est la philosophie même de la "news factory" : pourquoi accorder une journée à un reporter pour construire un sujet, quand le résultat est le même avec quatre journalistes travaillant chacun deux heures ? C’est mathématiquement logique, économiquement discutable, journalistiquement absurde.

Paris, le 18 septembre 2012

 
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