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Quand Télérama défend " le " journalisme

Dans un dossier intitulé " La presse sous pression " - Télérama, 10 mai 2000 - on pouvait lire l’article suivant, qui mérite quelques commentaires entre parenthèses.

" Kosovo, l’épreuve des faits

S’il nous est souvent arrivé, à Télérama, de critiquer les comportements médiatiques, ce n’est pas une raison pour reconnaître des erreurs imaginaires. La réalité est celle-ci : le scepticisme est la règle du journaliste, il doute, se méfie de ce qu’il voit, car il sait d’expérience qu’il ne voit pas tout. [La " réalité " se confond avec la fiction : " le " journaliste est un être d’exception - à ne pas confondre, sans doute, avec " les " journalistes qui peuvent parfois ne pas coïncider avec la définition idéale]

C’est ce qui le distingue de l’intellectuel [L’intellectuel - tout aussi général que le journaliste - englobe tous les intellectuels, à l’exception des journalistes qui ne seraient pas ou ne seraient jamais des intellectuels. Cet intellectuel générique ne doute pas et ne se méfie pas...]

Le journaliste est plus modeste : il est, lui, jugé non sur la mise en scène de sa personne, mais sur la rigueur de ce qu’il rapporte. [L’intellectuel - immodeste - se confond donc avec l’intellectuel médiatique, servi notamment pas des journalistes - modestes - qui ne mettent jamais en scène leur personne]

[Ce morceau d’anti-intellectualisme mérite de figurer dans une anthologie. Mais poursuivons...]

Après les errements de la guerre du Golfe, le Kosovo est un bon exemple de la capacité des journalistes à tirer les leçons de l’expérience. Dès le premier jour de la guerre, l’information officielle a été traitée avec suspicion. Les choix politiques et militaires ont été décortiqués, analysés, débattus, les responsables ont été interpellés, critiqués. Il n’est pas vrai que la presse a pris le relais complaisant de la propagande. [" La " presse... toute la presse ? - a tellement été formidable qu’il suffit d’affirmer qu’elle a fait ce qu’elle aurait dû faire pour que l’autocélébration tienne lieu d’examen. Il est vrai que " le " journaliste se méfie de tout, excepté de lui-même...]

Elle s’est tout simplement efforcée de décrire la réalité sous toutes ses faces. [" Décrire ", seulement ? " La réalité " sous toutes ses faces ", vraiment ?], Et nous, à Télérama, qui sommes allés sur le terrain, nous ne renions rien de ce que nous avons écrit. [Puisque " nous " est " allé sur le terrain ", il n’a rien a renier...]

Reste la querelle des chiffres relancée par un article révisionniste d’Elisabeth Lévy dans la revue Le Débat et par l’hebdomadaire Marianne [ Un article " révisionniste " : l’adjectif est laché, infâmant et son auteur donné - qui est " allé sur le terrain " - est livré en pature, on ne sait pourquoi, à des lecteurs qui ne l’ont sans doute pas lu...]

Qu’il s’agisse d’une catastrophe naturelle ou d’une guerre, le nombre des victimes est souvent exagéré au départ, corrigé ensuite. L’exactitude prend le pas sur l’émotion, et la comptabilité sur l’humanité. [Une erreur est " imaginaire ", quand elle est au service de " l’humanité "...]

Concernant le Kosovo, la rectification des chiffres change-t-elle d’un iota la nature du drame, la sauvagerie des comportements, la nécessité d’une intervention ? [" Le " journaliste qui-se-méfie-de-tout nous explique, mais sans méfiance, ce qu’est la propagande : au nom d’une juste cause - ou d’une cause que l’on tient pour juste - le droit que l’on se donne de dire ou de laisser dire n’importe quoi]

Si oui, il faudra que ceux qui utilisent cette querelle expliquent à partir de combien de zéros les crimes deviennent insupportables ". [La question demeure : puisque les crimes étaient en effets insupportables, à partir de combien de zéros le mensonge cessait-il d’être tolérable ?]

N.de R.

(commenté par H.M.)

 
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