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Palestine : Le Monde surveille son vocabulaire

par Henri Maler,

Le Monde propose une « approche nouvelle », dans un vocabulaire plein de tact…

Dans un éditorial publié le 24 août 2003 - sous le titre « SOS au Proche-Orient » -, Le Monde s’alarme en des termes ordinairement superficiels et asymétriques de l’évolution dramatique du « conflit israélo-palestinien ».

A propos de la « feuille de route », un éclair de lucidité : « C’est une créature de circonstance, (...) L’administration Bush ne l’a ranimée que pour ménager l’image des Etats-Unis au moment où ils s’apprêtaient à attaquer l’Irak. ».

Eclair de lucidité, immédiatement neutralisé par une présentation métaphorique qui esquive les responsabilités de Sharon et de son gouvernement : « C’est une créature de circonstance, née sur les décombres du processus d’Oslo, dans les ruines de la deuxième Intifada (…) ».

Mais Le Monde propose « une approche nouvelle », car « L’Autorité et Israël ont besoin d’un tuteur, politique et militaire. ».

Voici donc l’approche nouvelle : placer les territoires palestiniens « sous mandat onusien, garanti par le déploiement d’une force internationale, comprenant évidemment les Etats-Unis. ».

Autrement dit, placer les Palestiniens sous tutelle, avec une armée déployée sur leurs territoires. Un tuteur pour deux pays, une tutelle pour un seul d’entre eux. On ne sait quel rôle reviendrait alors à l’Autorité palestinienne et ce que devraient faire les bénéficiaires des conseils du Monde, en cas de refus, alors même que les gouvernements israéliens ont toujours récusé toute intervention de l’ONU.

On n’en dira pas plus : Acrimed n’entend pas se substituer aux éditorialistes anonymes et avisés du Monde.

Mais ce n’est pas quitter le terrain de la critique des médias que de relever seulement quelques étranges particularités du vocabulaire du Monde.

Une seule proposition les résument : « retrait militaire et arrêt d’une politique continue - officielle ou officieuse - d’implantations israéliennes dans les territoires, qui manifeste le refus d’un Etat palestinien.  ».

 « Retrait militaire », cela veut dire sans doute « retrait total des territoires palestiniens ».

 « Arrêt d’une politique (…) d’implantation israéliennes », cela veut dire sans doute : « démantèlement de toutes les colonies israéliennes ».

 « Dans les territoires », cela veut dire sans doute « dans les territoires palestiniens ».

Autrement, on ne comprendrait pas pourquoi l’ONU serait chargée de ne pas faire appliquer ses résolutions et quel Etat palestinien pourrait être bâti sur les décombres du vocabulaire du Monde.

 
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