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Nominations au CSA : frustrations à l’UMP ?

« Le CSA, voiture-balai de l’UMP ? », nous demandions-nous dans un article précédent. Une interrogation fondée sur des « indiscrétions » du Figaro qui présentait ses candidats préférés aux postes de conseillers en dissimulant les liens très étroits des personnes mentionnées avec l’UMP. Eh bien non ! Le CSA ne sera pas cette voiture-balai… Enfin pas tout à fait. En tout cas, les nominations ne devraient pas désespérer l’UMP.

On a appris tout ça les 23 et 24 janvier 2009… Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a nommé Emmanuel Gabla, « un ingénieur des télécommunications » ; Nicolas Sarkozy a nommé Françoise Laborde, journaliste à France 2, en remplacement d’Agnès Vincent. Le président du Sénat Gérard Larcher a de son côté désigné, en remplacement d’Elisabeth Flüry-Hérard, la « journaliste antillaise de LCI », « visage emblématique de LCI » (comme la présente une dépêche de l’AFP [1]).

En ces temps de soupçons sur le rôle du CSA et sur les modalités de nomination et de révocation du Président de France Télévision par le Président de la République, les hauts personnages de notre République n’ont pas distribué les postes à des adhérents patentés de l’UMP ou à des compagnons trop avérés. A défaut de pouvoir garantir l’indépendance du CSA, il fallait au moins en donner une image. A défaut de pouvoir favoriser son pluralisme, il fallait donner le change en simulant l’ouverture et en rendant visible la diversité.

Emmanuel Gabla, toutefois, n’est pas seulement ingénieur et fils d’un professeur d’origine togolaise. Il fut également, de juillet 2002 à avril 2004, conseiller technique pour les télécommunications et la poste au cabinet du Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin. D’avril 2004 à juin 2005, M. Emmanuel Gabla fut aussi directeur adjoint du cabinet ministériel de Patrick Devedjian au ministère de l’industrie : des responsabilités qui, on s’en doute, n’impliquent aucune proximité politique avec l’employeur [2].

Françoise Laborde, n’est pas seulement la rédactrice en chef de Télématin où elle présente Les Quatre Vérités (« émission qui m’est chère », dit-elle) et présentatrice remplaçante des journaux télévisés de 20 heures : elle est aussi vice-présidente du Press Club de France et membre du Haut-conseil à la coopération internationale (HCCI) - des institutions bien achalandées... - ainsi que - pour service rendu mais à qui ? - chevalier de l’ordre national du Mérite et officier du Mérite agricole. Elle est également l’auteure de quelques ouvrages impérissables, dont Ça va mieux en le disant... [3], où l’on apprend notamment que les cheminots privilégiés d’aujourd’hui étaient pratiquement les collabos d’avant-hier (comme nous le signalions dans un article publié le 28 novembre 2008 et complété depuis).

Christine Kelly, enfin, n’est pas seulement la « journaliste antillaise de LCI » - la succursale de TF1 : elle aussi la bénéficiaire (et la rédactrice en chef ?) d’un blog entièrement consacré à sa carrière, à sa médiatisation et à ses « engagements » [4].

Elle est aussi l’auteure d’une sympathique biographie de… François Fillon : François Fillon, le secret et l’ambition [5].

Bref, trois rouages des institutions politiques et médiatiques, si bien ajustés à leur fonction, qu’ils la rempliront « en toute indépendance »…

 
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Notes

[1« Christine Kelly, visage emblématique de LCI, au CSA », AFP, 24 janvier 209.

[2Depuis août 2005, M. Emmanuel Gabla est chef du service des technologies et de la société de l’information, à la direction générale des entreprises.

[3Paris, Arthème Fayard, 2008.

[4ce lien vers les « engagements » de C. Kelly est désormais périmé : le « blog » ne contient plus qu’une courte page de présentation promotionnelle (Acrimed, mars 2010).

[5Editions du Moment, novembre 2007.

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