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Lettre ouverte à Jean-Luc Hees : « Ne vous excusez plus en notre nom » (SNJ-CGT Radio France)

Nous publions ci-dessous un communiqué du SNJ-CGT de Radio-France dénonçant les excuses présentées à Eric Besson par le PDG de Radio-France, après la chronique de Stéphane Guillon du 22 mars 2010. (Acrimed)

Non, Radio France n’avait pas à s’excuser pour une chronique qui n’avait rien de scandaleux. Nous en avons assez de cette polémique qui n’a pas lieu d’être pour laquelle vous avez cru bon d’intervenir en tant que pdg de Radio France, donc au nom de tous les salariés de l’entreprise.

Ce ne sont pas les salariés qui ont choisi de mettre Stéphane Guillon à l’antenne. Nous considérons toutefois qu’il réalise sa chronique avec un talent qui lui assure, ainsi qu’à France Inter, un succès incontestable. C’est pourquoi nous ne comprenons pas les vives critiques que vous lui avez adressées publiquement et encore moins les excuses également publiques que vous avez faites à Monsieur Besson. Vous avez de surcroît publié la semaine passée une tribune dans le journal "Le Monde" qui revient sur cette affaire en des termes inacceptables.

Le Snj-Cgt dénonce et dénoncera toujours avec force tout propos raciste sur les antennes de Radio France. Si de tels propos avaient été tenus cette fois-ci, nous demanderions des sanctions de la plus grande sévérité et nous trouverions votre réaction bien en deçà de ce qu’elle devrait être. De même, si de tels propos avaient été tenus cette fois-ci, Monsieur Besson, qui est loin d’être l’agneau sans défense qu’il prétend être face à la caricature, aurait pu et dû porter l’affaire devant la Justice. Il ne l’a pas fait. Tout simplement parce qu’il ne s’agit pas de racisme. Le physique du ministre a été moqué non pas en raison de ses origines ou de son appartenance à tel ou tel groupe. Cela aurait été raciste. Il a été moqué en raison de son parcours et de ses actions politiques, toutes choses sur lesquelles ce dernier a entière responsabilité et libre arbitre. Un homme ne choisit pas ses origines. Un homme politique, par contre, a le choix des actions qu’il mène. Nous maintenons qu’en cherchant à interdire de se moquer de ces choix, même par des attaques sur le physique, vous portez atteinte à la liberté de caricature, de satire et d’expression.

Le plus préoccupant à nos yeux, Monsieur le président, c’est que vous ne semblez pas mesurer le paradoxe qu’il y a à invoquer dans votre tribune les "heures sombres" de notre histoire pour critiquer une chronique qui moquait un ministre de "l’identité nationale" dont la politique consiste, entre autres choses, à faire expulser par la police française des milliers de travailleurs immigrés. Pour nous, ce ne sont pas les chroniques de Stéphane Guillon mais plutôt cette politique qui rappelle des "heures sombres", menace le "pacte républicain" et mériterait des excuses à ceux dont les droits sont bafoués.

Personne ne vous empêchera de faire à titre privé des excuses à qui bon vous semble si cela vous soulage. Mais ne vous excusez plus en notre nom.

Paris, le 06 avril 2010

 
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