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Le Parisien et la « méfiance » à l’égard des médias

De l’art de se méfier de la méfiance ou, plutôt, de la défiance à l’égard des médias dominants.

Le Parisien du 7 septembre 2003 nous propose une page 6 consacrée aux altermondialistes face à la réunion de l’OMC à Cancun et titrée sur toute la largeur « Bové à Paris dans la rue ». La personnalisation bat son plein...

Un article - « Chemise bleue, parka beige et pipe à la main » - , signé de Myriam Lévy, décrit notamment l’agression de journalistes par des manifestants parisiens devant un McDo :

« Alors que des cris de "démontage" surgissent de la foule, des militants agressifs éjectent le cameraman de TF1 aux cris de "Tire-toi ! Fous l’camp !". La presse est dans le collimateur. "Médias partout, infos nulle part", est l’un des slogans les plus repris. Prendre des notes sur un calepin suffit à se faire insulter ou à essuyer une giclée de peinture au pistolet. Des réactions certes extrêmes, mais qui reflètent une méfiance générale du mouvement à l’égard des médias, considérés comme agents du libéralisme. L’ancien président d’Attac, Bernard Cassen, n’a-t-il pas, d’ailleurs, décidé de créer un observatoire des médias pour "placer l’information sous surveillance" ? »

 Lucidité ? Oui, la méfiance du mouvement à l’égard des médias « considérés comme », parce qu’ils le sont, des « agents du libéralisme », devient « générale ». La « méfiance », et un peu plus que cela.

 Agressivité ? Si l’on veut, mais à condition de préciser qu’elle répond cette forme de violence qu’imposent aux acteurs des mouvements sociaux des médias qui défigurent leurs mobilisations et en méprisent les raisons et les objectifs.

 Collimateur ? Oui, « la presse est dans le collimateur ». Sans doute faudrait-il distinguer parmi les caméramans et les journalistes en mission, chargés de recueillir de maigres informations et trois micro-trottoir de quinze secondes chacun, ceux qui, salariés réfractaires, font leur travail pour pouvoir payer leur loyer à la fin du mois et ceux qui, rouages dociles, sont les auxiliaires consentants des petites et grandes machines médiatiques qui les emploient. Au caméraman de TF1 de comprendre ce qui peut le rendre indésirable et d’agir en conséquence. Notre soutien lui est acquis.

 Question ? Passons sur la personnalisation - une fois de plus - qui présente la création d’un observatoire des médias comme une décision personnelle de Bernard Cassen. Peut-on considérer comme une information, l’interrogation faussement naïve et totalement allusive qui conclut le paragraphe ? C’est une question qu’il faudra poser à Myriam Lévy, à l’occasion d’une prochaine manifestation.

 
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