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Le Monde ou la voix de la France ?

par Henri Maler,

Le Monde aime le « nous » communautaire pour parler de soi, c’est-à-dire de la rédaction du Monde. Soit ! Mais Le Monde cultive aussi le « nous » national qui lui permet de parler au nom de la France, même quand ce « nous » est divisé sur son passé, son présent et son avenir. Voici quelques échantillons de la contribution du Monde à la constitution cette unité de la France qui lui permet de s ’en faire le porte-drapeau

L’importance du travail accompli par Le Monde (et en particulier par Florence Beaugé) sur la torture en Algérie mérite d’être salué. Mais que dire de ces deux titres de "une" ?

 Jeudi 3 mai 2001 : "La France face à ses crimes en Algérie"
 Dimanche 5 - lundi 6 mai 2001 : "Comment juger nos crimes en Algérie ?"

“La France” ? Quelle France ? "Nos" crimes ? Les crimes commis au nom du peuple français ne sont pas les crimes de tout le peuple français. Le Monde le sait fort bien : ces crimes ont été combattus par des Français. Mais Le Monde ne peut s’empêcher de parler, à son tour, au nom de la France.

Et ça continue ...

À la fin de l’éditorial du Monde, daté du 19-20 mai 2001, sous le titre « Contre la torture », page 18 :

« (...) Il ne s’agit pas pour Le Monde de remuer de vieux souvenirs pour l’obscur plaisir de rouvrir des blessures mal cicatrisées ou dans le noir dessein de jeter le discrédit sur la République et son armée. Il ne s’agit pas non plus d’oublier les crimes qui furent commis par l’autre camp et qui justifièrent, en retour, aux yeux des tortionnaires, leurs propres violences. Il s’agit de permettre à la communauté nationale d’assumer son passé en substituant aux mémoires éclatées qui, aujourd’hui encore, portent le souvenir de la guerre d’Algérie, une mémoire partagée. La mémoire des appelés n’est pas celle des militaires de carrière, celle des Français d’Algérie n’est pas celle des Français de métropole ni celle des harkis ou de leurs enfants. C’est en regardant la vérité en face qu’on parviendra peut-être à construire une mémoire commune. » [1]

Le Monde ne recule devant aucune mission d’intérêt national.

H.M.

 
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Notes

[1Souligné par nous.

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