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Le Monde et l’Université d’été d’Attac (1) : un droit de réponse du président d’Attac

Le Monde s’est penché avec gourmandise sur l’Université d’été d’Attac qui s’est tenue du 22 au 26 août 2003 à Arles. Un « envoyé spécial » a été dépêché sur place : Nicolas Weill. Ce dernier a commis deux articles, « Des adhérents d’Attac contestent les positions de M. Nikonoff » paru dans l’édition des 24-25 août 2003 ; et « Le président d’Attac invite les militants à s’ouvrir au-delà du cercle des "convaincus" », sous-titré « M. Nikonoff a déploré les attaques du PS », le 26 août, date à laquelle l’éditorialiste anonyme du Monde fait état de graves inquiétudes sur l’avenir de la gauche....

Ci-dessous le droit de réponse adressé au directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel, relatif à l’article de Nicolas Weill des 24-25 août. Et quelques remarques sur l’art mondain de la non-réponse.

Un droit de réponse du Président d’Attac

(Nous avons mis en note chacun des passages de l’article de Nicolas Weill auquel fait référence ce texte de réponse du président d’Attac) (note d’Acrimed).

Arles, le 24 août 2003.

Edwy Plenel
Directeur de la rédaction
Le Monde

Monsieur le Directeur de la rédaction,

Je vous serais très reconnaissant de bien vouloir publier dans votre
journal le texte qui suit au titre du droit de réponse.

Dans son édition datée des 24 et 25 août, Le Monde a publié en page 6 un article sur l’université d’été d’Attac, signé par Nicolas Weill, contenant un très grand nombre d’erreurs factuelles.

1. La présentation de la réunion du Conseil d’administration d’Attac, qui s’est tenu les 21 et 22 août, est inexacte. En effet, c’est la totalité des membres du Conseil d’administration d’Attac, sauf un représentant d’une association membre fondatrice, qui a désapprouvé le démontage du stand du Parti socialiste lors du rassemblement du Larzac, et non « la plupart des membres du Conseil d’administration » comme l’indique l’article [1].

2. Les raisons de la non tenue d’une table ronde sur le vote d’extrême droite sont inexactes. Proposée par Pierre Tartakowsky, membre fondateur d’ Attac, elle n’a pas été « rayée du programme » comme l’indique l’article. Elle n’a tout simplement pas pu se tenir cette année car les autres intervenants pressentis pour y participer n’étaient pas disponibles. Elle se tiendra lors de la prochaine université d’été. Par ailleurs, le nom de Pierre Tartakowsky comprend un y à la fin et non un i [2].

3. L’article confond les Comités locaux d’Attac, qui sont les organisations de base de notre association, et les « collectifs unitaires » qui rassemblent des organisations (syndicats, associations, parfois des partis politiques) sur des thèmes comme la préparation du sommet de Cancun ou celui du G-8. Les propos qui me sont attribués (« en finir avec des comportements inacceptables au niveau des comités locaux ») sont donc inexacts [3].

4. La table ronde intitulée « Attac, déjà 5 ans » ne porte pas seulement sur le « fonctionnement de l’association » comme l’indique l’article, mais sur l’évolution générale d’Attac depuis sa création [4].

5. Le nombre de participants à l’université d’été, « venus à peine plus nombreux que l’an dernier » selon l’article, est inexact. L’article parle de 844 inscrits, il y en a en réalité 939, contre 800 en 2002, soit une augmentation de 17 % [5].

6. La présentation du nombre d’adhérents à Attac faite dans l’article est inexacte (« au 15 août, l’association recensait 22 937 adhérents (dont 7 000 premières adhésions), soit encore loin de l’objectif des 30 000 »). Le chiffre de 30 000 adhérents ne constitue pas un « objectif », mais correspond au nombre d’adhérents à fin 2002 (29 791 pour être précis). Le fait d’avoir déjà près de 23 000 renouvellements de cotisation et nouvelles adhésions quatre mois et demi avant la fin de l’année est donc un excellent résultat. Par ailleurs, les 7 000 nouvelles adhésions déjà réalisées (dont plus de 3 000 en juin et juillet), permettent de penser que le total des nouvelles adhésions de 2002 (9 000) sera dépassé cette année [6].

7. La présentation faite de la présence des « élus et des politiques », qui seraient « invisibles » selon l’article, est inexacte. Attac n’a en effet invité aucun élu ni responsables politique en tant que tel, ce qui explique leur absence. Les seules exceptions sont les suivantes : Hervé Schiavetti, maire d’Arles et vice-président du Conseil général des Bouches-du-Rhône et Michel Vauzelle, président du Conseil régional PACA qui ont prononcé des allocutions de bienvenue ; plusieurs élus locaux qui intervenaient lors des séances de formation (Gérard Delfau, sénateur de l’Hérault ; Stéphane Peu, maire-adjoint de Saint-Denis ; Jacques Perreux, conseiller général du Val-de-Marne ; Jean-Loup Englander, élu de Saint-Michel-sur-Orge dans l’ Essonne) ; Jean-Pierre Brard, député-maire de Montreuil, et Kader Arif, secrétaire national à la mondialisation au Parti socialiste, en tant qu’ observateurs [7].

8. La présentation faite par l’article des raisons de la présence d’Anicet Le Pors (« ancien ministre communiste qui s’était rallié à Jean-Pierre Chevènement en 2002 ») est inexacte. Anicet Le Pors est présent à Arles en tant que membre du Conseil scientifique d’Attac afin d’animer plusieurs sessions de formation [8].

9. La présentation qui est faite du fonctionnement de la coordination Attac
à l’Assemblée nationale qui serait « sérieusement affectée », selon l’article, est inexacte. Cette coordination, comme celle du Sénat, fonctionne parfaitement et, en liaison avec la direction de l’association, prend de nombreuses initiatives [9].

10. Dans sa brève intervention sur le Forum social européen, Bernard Cassen
n’a, à aucun moment, cité la Quatrième Internationale [10].

Toutes ces erreurs témoignent de la difficulté de vouloir rapporter les débats d’une réunion à laquelle on n’a pas assisté à partir de témoignages insuffisamment fiables.

Je vous prie de croire, Monsieur le Directeur de la rédaction, à l’assurance de ma parfaite considération.

Jacques Nikonoff
Président d’Attac

En guise de réponses

Remarques d’Acrimed

 1. L’article de Nicolas Weil n’a jamais été disponible gratuitement sur le site du Monde avant sa parution payante deux jours après. Négligence, dissimulation ou commerce ?

 2. Edwy Plenel a répondu ou fait répondre en envoyant une lettre-type, où il suffit de changer le nom des journalistes concernés ... pour que le tir en direction de la corbeille à papier soit correctement ajusté...

La réponse du directeur de la rédaction du Monde

Monsieur et cher lecteur,

J’ai immédiatement transmis votre demande à Hervé Gattegno, rédacteur
en chef, responsable de notre séquence France, ainsi qu’à Nicolas
Weill, auteur de l’article que vous contestez. Ils ne manqueront pas
de vous informer des suites qu’ils entendent lui donner.

Bien à vous,

Edwy Plenel
Directeur de la rédaction du "Monde"

 3. Acrimed reviendra dans un second article sur les grandes enquêtes de Nicolas Weill sur l’Université d’été d’Attac, mais aussi sur le pouvoir conféré à des médias et des journalistes hostiles au mouvement altermondialiste par ceux qui les prennent pour arbitres des débats de ce mouvement.

A suivre, donc....

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1N.Weill : « (...) la plupart des membres du conseil d’administration qui a précédé, jeudi, l’ouverture des débats ont désapprouvé le démontage du stand du PS lors du rassemblement du Larzac début août - hormis le représentant de Droit au logement (DAL), qui a « assumé » cette action (...) ».

[2N.Weill : « (...) le journaliste Pierre Tartakowski - ancien secrétaire général d’Attac, (...) a quitté Arles après avoir vu son atelier sur le vote d’extrême droite rayé du programme. »

[3N.Weill : « (...) A Arles, M. Nikonoff a renouvelé ces critiques, estimant que la « nouvelle étape » que doit franchir Attac impose d’ « en finir avec des comportements inacceptables au niveau des comités locaux ». »

[4N.Weill : « La réflexion sur le fonctionnement de l’association (« Et si l’on parlait d’Attac ») fait, du reste, l’objet d’une des 21 « filières » proposées aux participants (...) ».

[5N.Weill : « (...) participants, venus à peine plus nombreux que l’an dernier (844 inscrits, contre 800 en 2002). »

[6N.Weill : « Attac n’a pas sensiblement augmenté ses effectifs : au 15 août, l’association recensait 22 937 adhérents (dont 7 000 premières adhésions), soit encore loin de l’objectif des 30 000. »

[7N.Weill : « Quant aux élus et aux politiques, ils étaient invisibles »

[8N.Weill : « Quant aux élus et aux politiques, ils étaient invisibles - à l’exception de l’ancien ministre communiste Anicet Le Pors, qui s’était rallié à Jean-Pierre Chevènement en 2002. »

[9N.Weill : « De fait, les revers électoraux subis par la gauche ont sérieusement affecté la coordination Attac à l’Assemblée nationale. ».

[10N.Weill : « Bernard Cassen, (...) s’est inquiété de tentatives de récupération du mouvement altermondialiste derrière lesquelles il entrevoit certaines organisations de la IVe Internationale (trotskiste) ou du SWP (Socialist Workers Party, Parti socialiste des travailleurs). »

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