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La nouvelle Agence Centrale de Presse (ACP) ou la paupérisation du métier (SNJ-CGT)

Nous publions ci-dessous une communiqué du SNJ-CGT (Acrimed)

Le 3 septembre à l’occasion de la 21e édition du festival du photojournalisme [1]« Visa pour l’image » a été annoncé en grandes pompes la naissance d’une nouvelle agence de presse baptisée Agence Centrale de Presse (ACP) présentée par ses concepteurs comme « la première de l’ère numérique ». Elle sera mise en ligne en janvier 2010 et permettra aux médias d’acheter des articles fournis par des journalistes professionnels.

L’ACP, qui appartient au groupe de presse Imacom, dont l’actionnaire principal est Christian Ciganer-Albeniz, Pdg de la Compagnie financière de Constance et frère de Cécilia Ciganer-Albeniz, ancienne épouse de Nicolas Sarkozy, veut « réinventer la relation entre journalistes et médias dans un contexte de crise historique et de mutation de la presse écrite ».


Dans le dossier de presse il est précisé : « Des journalistes se trouvent aujourd’hui amenés à restreindre leur liberté de plume en échange de la sécurité d’une rédaction. Alors que le Net apparaît pour certains comme une menace sur le journalisme, il leur offre au contraire l’opportunité d’affirmer une liberté retrouvée (...)  ». Le cynisme ne tuant pas, lors de sa conférence, le rédacteur-en-chef, Judikaël Hirel, a rajouté sans rire que « Le réseau de contributeurs est limité à 1.500 personnes - « pour des raisons techniques et éditoriales ». Il devrait notamment attirer des pigistes ayant "besoin de revenus supplémentaires »

Les journalistes pourront s’inscrire gratuitement. Les médias intéressés (presse écrite, supports online, mobiles...) souscriront un abonnement fixe annuel de 5.000 euros, puis paieront pour chaque article. L’agence prendra ensuite une commission sur les articles et les journalistes pigistes ne seront rémunérés (comment ? : en droits d’auteur uniquement ?), une fois leurs reportages vendus.

Pas de cotisations sociales, pas de frais de reportages, pas de frais de matériel (ordinateurs, transmissions, abonnement internet, matériel de prise de vues, etc.), pas de convention collective. Bref c’est du tout bénéf !

Et si au cours d’un reportage le journaliste se trouve dans l’impossibilité de travailler, en difficulté pour raison de santé, accident ou autres, sans aucune protection sociale ni ordre de mission, il ne lui restera plus qu’à souscrire à sa charge une assurance volontaire !

On connaissait la précarisation galopante et l’emploi de plus en plus fréquent de CDD dans notre métier. Voici qu’avec l’ACP c’est carrément la paupérisation absolue et la fin du salariat, en totale illégalité et pour le plus grand profit de la famille Ciganer-Albeniz.

Le groupe Imacom regroupe plusieurs agences de presse de photos et d’illustration (DPPI, Sunset, Visual et Alamo) et réalise un chiffre d’affaires de plus de huit millions d’euros par an.

Le SNJ-CGT dénonce ces pratiques illégales bafouant toutes les règles, les conventions et les lois qui régissent la profession de journalistes.

Montreuil le 22 septembre 2009

 
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Notes

[1Avec 25 agences de presse présentes cette année, contre 55 il y a deux ans, Visa pour l’image est le témoin de la crise dans la presse. « Il y a vingt ans, la presse était dirigée par des journalistes. Elle l’est aujourd’hui par des banquiers. Ils parlent en termes de rentabilité et l’information ils s’en foutent », affirme à l’AFP Jean-François Leroy, directeur du festival. ?

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