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La Dépêche du Midi sécurise Toulouse et les bonbons

À propos d’une « tentative de racket »

On ne s’étonne plus des titres racoleurs et alarmistes de La Dépêche du Midi concernant la ’’délinquance’’ à Toulouse comme durant le mois de Janvier 2004, où notre quotidien local a mené plusieurs enquêtes journalistiques « poussées » sur la question. En effet, en ce début d’année, non seulement le ministère de l’intérieur rendait publiques les statistiques annuelles de la délinquance (avec notamment une hausse constatée en Haute-Garonne), mais surtout Sarkozy est venu inspecter ses services de police toulousains...

Cependant, la lecture du cahier toulousain paru dans La Dépêche du Midi du 17 janvier 2004 m’a laissé doublement ’’perplexe’’.

D’abord, j’y ai retrouvé le ton sécuritaire qui attise et joue avec les peurs des gens. On trouve successivement, en effet, dans les trois premières pages de ce cahier : une enquête sur les lieux où de la drogue se vendrait à Toulouse (p.23 et p.24, avec en bonus, une carte p.24 pour ne pas se tromper ...) ; et, pêle-mêle, dans un fourre-tout ’’angoissant’’ nommé « 24 heures en ville » (p.25) : une affaire de proxénétisme, une enquête sur un viol, une voiture fracturée, la hausse de la délinquance, les accidents de la route... Mais comment peut-on passer 24 heures indemne dans cette ville ? Pour finir de se faire peur on peut lire la rubrique « Faits et gestes » avec encore une affaire de vol, etc.

Ensuite, et surtout ce qui m’a énervé à la lecture du quotidien, ce sont quelques lignes de la rubrique sus-nommée, titrées : « Tentative de racket au collège Jean Moulin » (p.25) qui traitaient d’une intervention de la police concernant une affaire de racket entre élèves. Or, travaillant dans cet établissement toulousain, je peux certifier que si la principale a contacté la police [1], c’est qu’un garçon avait introduit dans le collège un couteau de poche... à bout rond et lame grande comme un petit doigt d’enfant... et qu’il avait effectivement utilisé son ’’arme’’ pour racketter ... un bonbon. Ce qui relativise la portée de l’information et par la même les risques encourus par les élèves dans cet établissement ! Mais ceci n’était pas précisé par le ’’journaliste’’ qui n’avait probablement pas vérifié son information.

Je me demande donc ce que cherche La Dépêche en attisant ’’le sentiment d’insécurité’’ avec des articles dont la véracité est douteuse. Dans tous les cas si les toulousains doivent s’inquiéter, c’est aussi pour la qualité de leur information....

F.M.

 
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Notes

[1Elle voulait faire peur à cet élève, à tort selon moi.

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