Josyane Savigneau : - Guillaume Durand a parlé du livre de Serge Halimi et ça c’est tout de même très différent [du Bourdieu, sociologue décrit par Eribon].
Didier Eribon : - Oui, mais c’est pas lui qui l’a écrit.
J.S. : - Il l’a publié.
D.E. : - Il l’a publié.
J.S. : - Vous disiez que Pierre Bourdieu aimait beaucoup venir débattre, ce qui est vrai. Il est venu au Monde : les reproches qu’il faisait aux journalistes, que je trouve souvent très justifiés - absence d’analyses souvent, absence de preuves, absence de travail, invectives, amalgames. Or le livre de Serge Halimi qu’il publie et qu’il soutient, c’est exactement ça. Ca veut dire quoi ?
D.E. : - Le livre de Serge Halimi, ne me faites pas dire de mal du livre de Serge Halimi pour défendre Pierre Bourdieu des attaques, moi c’est un livre que j’aime bien. Parce qu’il a posé des questions. C’est un livre rapide, c’est un petit livre. C’est un recueil d’articles d’ailleurs retravaillés dans Le Monde diplo. C’est un livre qui pose des questions très importantes.
J.S. : - Qui pose des bonnes questions, mais à la manière la pire des journalistes !
Guillaume Durand : - Il s’est un peu défoulé.
D.E. : - Il fallait le faire à ce moment-là. Quand on le lit quelques années après, on se dit : le ton est trop polémique. Mais, quand il l’a fait, il fallait le faire comme il l’a fait.
J.S. : - Je n’en suis pas sûre.
Ainsi Serge Halimi pose de bonnes questions : Mais Le Monde des Livres n’a pas daigné rendre compte de son livre et l’on attend toujours les réponses.
"A la manière la pire des journalistes" ? : on attend toujours du Monde qu’il pose les mêmes questions à la manière la meilleure...