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L’actualité des médias n°39 (16 mars au 6 avril 2005)

par William Salama,

I. Autour des médias : taylorisation, publicité, technologies ...

 Classification de l’information. L’AFP se libéralise. L’Humanité (30 mars 05) révèle et déplore que l’Agence France Presse " s’aligne sur les standards de l’International Press Telecommunications [1]. Résultat : la classification de notre information dépendra désormais des catégories mentales du libéralisme ".
Reste qu’on se demande si dans les mœurs cet ‘’alignement’’ n’a pas déjà opéré.

 Taylorisation de l’information. Fonds d’investissements. Stratégies (17 mars 05), sous le titre " combien de lignes à l’heure ", détaille après Libération (31 jan. 05) les méthodes du cabinet AT Kearney, dont le fumeux " taux d’utilisation " des journalistes, expérimentées dans le groupe de presse professionnelle Gisi, éditeur notamment de L’Usine nouvelle et de LSA (lire L’Usine nouvelle et ses (quo)tas de mots à produire). Mais celui-ci n’est pas le seul à y avoir recours.

Stratégies indique en effet que Les Echos et Le Figaro ont également mandaté ce cabinet de ressources humaines [2]. Or, Le Figaro n’est pas la propriété d’un de ces fonds d’investissements mais du groupe Socpresse de Dassault. Peu importe, cela n’empêche pas d’adopter leurs pratiques (racheter, essorer, revendre).

Cela peut servir, en l’occurrence dans la perspective de la cession des pôles Rhônes-Alpes et hippique de la Socpresse (lire plus bas : " presse écrite ").

 Taylorisation de l’information. Avertissement sans frais chez France 3. Le SNJ-CGT de France 3 (communiqué du 1er avril 05) conteste notamment " l’instauration artificielle de période de “haute” et “basse activité” en matière d’information ", " la fermeture des locales, la suppression du 12/14, le raccourcissement des journaux régionaux, la mise en place de journaux et émissions interrégionaux ". Bref, " la variable d’ajustement économique " adoptée par l’information là-bas.

 Publicité. Une " nouvelle donne à la nouvelle donne " du modèle économique des médias. CB News (14 mars 05, lire L’actualité des médias n°38 (15 fév. au 15 mars 2005)) s’interrogeait sur la " nouvelle donne " à laquelle font face les médias audiovisuels, mus par le profit mais sevrés en matière de publicité, confrontés à la démultiplication des moyens de diffusion sous l’impulsion des nouvelles technologies.

Stupidité et perversité du système oblige, ils creusent eux-mêmes leur propre tombe en étant à la fois les moteurs et les victimes de cet évolution.

Nouvel exemple, avec Tivo, un fournisseur de décodeurs enregistreurs numériques qui a signé un contrat avec le premier câblo-opérateur américain : Comcast (La Tribune, 16 mars 05). Or, " outre la capacité d’enregistrer des heures de programmes ", les décodeurs Tivo " permettent de "zapper" la publicité classique ". Evidemment, ce ne sera pas une obligation.

Se libérer de la publicité comme argument de vente, bien vu en ces temps d’hyperconcurrence dans la chasse aux clients. Sauf que c’est bien hypocrite. En effet, combien de millions de dollars de publicité classique (et donc hors parrainage, placements de produits) Comcast sacrifie-t-il pour conserver un marché de 8,5 millions d’abonnés ?

 Publicité. Tout augmente. L’Institut Médiamétrie a augmenté la valeur du point d’audience télévision (qui sert à fixer le prix de la publicité) pour 2005, car elle " suit la même croissance que celle de la population française et de son équipement télévisuel " (AFP, 25 mars 05).

 Technologie. Prédation, suite... Les câblo-opérateurs européens, dont c’est le 51e congrès " placé sous le signe du retour à la rentabilité et de la croissance retrouvée " et promise (entrée sur le marché de la téléphonie mobile), bavent déjà sur le " quadruple play " (après le " triple play " - télévision, accès Internet et téléphonie) (Les Echos, 23 mars 05).

 Constitution Européenne. Le Jackpot pour Maury. C’est L’Express (4 avril 05) qui titre " Jackpot ". Son imprimeur, Maury, " vient de se voir attribuer, conjointement avec l’Imprimerie nationale (...) le marché de l’impression du texte ". Soit, 46,2 millions d’exemplaires.

Dans ce processus mixte, il reste donc quand même un peu de public, à travers la présence de l’Imprimerie Nationale. Appel d’offres, diront les bienveillants.

Mais, signalait le magazine professionnel Caractères (28 jan. 2005), " Jean-Paul Maury se dit encore en course pour la reprise de l’unité de Bondoufle de l’Imprimerie nationale. “Le processus reste toujours compliqué” précise-t-il, “et les négociations sont beaucoup plus longues que prévues”. ".

Le partenariat sur l’impression de la Constitution aidera-t-il la transaction ? [3]

II. Audiovisuel

 Présidences des nouvelles chaînes. CII : le " sacrifice financier " d’Elkabbach. Bien placé pour être propulsé président de la " future " chaîne d’information internationale, Jean-Pierre Elkabbach hésiterait pourtant (La Tribune, 18 mars 05).

Trop de travail ? Que nenni : " les services de l’Etat ont suggéré un salaire de l’ordre de 12.000 euros par mois pour le président de la CFII ", mais Elkabbach craint un " sacrifice financier ".

En effet, il serait alors obligé de se démettre de plusieurs de ses fonctions actuelles : " la présidence de la chaîne Public Sénat, sa chronique sur Europe 1 et son rôle de conseiller d’Arnaud Lagardère - dont le groupe est présent dans la défense - pourraient être difficiles à concilier avec la direction d’une chaîne censée porter, sur l’actualité du monde, un regard certes français mais indépendant des pouvoirs publics ou/et d’intérêts privés ", note La Tribune [4].

 CII. TF 1 se sécurise. A noter que les statuts de CII seront ceux d’une société anonyme : " TF 1 et FranceTélévisions détenant chacune la moitié des parts moins une action, le solde revenant au futur président de la chaîne ".

Prudent et calculateur, TF 1 a souhaité " sécuriser sa situation " : Patrick Le Lay aurait " négocié des clauses de sortie lui permettant de se retirer du projet dans un certain nombre de cas et de vendre ses parts à FranceTélévisions, à moins qu’elles ne soient directement rachetées par l’Etat " (Le Figaro Economie, 19 mars 05).

 Aillagon à TV5. Si une éventuelle incompatibilité est (encore) évoquée pour Elkabbach, elle a été balayée pour l’ancien ministre de la Culture et de la Communication Jean-Jacques Aillagon, désigné le 6 avril président de TV5 par le Conseil d’administration de la chaîne. Depuis quelques semaines, les syndicats SNJ et CFDT-Radio télé dénonçaient ce projet, rappelant notamment que la loi interdit à une personne qui " a eu la tutelle sur une entreprise d’y travailler dans un délai de cinq ans après la cessation de sa fonction " (lire Aillagon à TV5 : les syndicats dénoncent un verrouillage politique et Aillagon à TV5 : Raffarin va-t-il passer en force ? La réponse est : oui !). Le gouvernement ayant saisi le Conseil d’Etat à ce sujet, l’autorité administrative suprême a estimé que la nomination d’Aillagon à la présidence de TV5 ne correspondait pas à ce cas de figure. Ce que Le Monde (6 avril 05), dans un raccourci saisissant, résume ainsi dans un surtitre : " le Conseil d’Etat a donné un avis favorable à la nomination de l’ancien ministre de la culture ".

III. Presse écrite

 Presse quotidienne nationale. Audience EuroPqn 2004. Du mieux. Après les chiffres de l’ODJ (lire L’actualité des médias n°38 (15 fév. au 15 mars 2005)), voici la livraison 2004 de l’EuroPqn qui s’attache à mesurer l’audience (non les ventes) et constate une forte hausse sur “le critère de la lecture dernière période” (LDP), soit une progression de 4,1% (1,833 millions de lecteurs).

L’Equipe reste le premier quotidien national (évolution positive en ligne avec celle de la diffusion payée du quotidien sportif : + 8,7%). Derrière : Le Parisien-Aujourd’hui en France (4,4% de pénétration), Le Monde (4,3%), Le Figaro (2,8%), Libération (1,8%), Les Echos (1,5%), La Tribune (1%), France Soir (0,9%), La Croix (0,8%) et L’Humanité (0,7%).

 Presse quotidienne nationale. Purge au Monde. A peine approuvé par son conseil de surveillance le processus de recapitalisation du Monde SA, Jean-Marie Colombani annonce déjà " le départ du journal et de son imprimerie de plus de deux cents personnes (pour un effectif total de 1 050 personnes en 2004) " (Stratégies Newsletter, 22 mars 05). Et il en cherche encore 25 (Les Echos, 29 mars 05).

Voilà pour les soutiers. Pour le reste, " le journaliste Edwy Plenel a dénoncé le 30 mars 05 " l’annonce de son départ " du Monde par la direction du quotidien et a chargé l’avocat de son syndicat de veiller à la protection de ses droits " (AFP, 29 mars 05).
Désormais perdant d’une évolution qu’il a contribué à mettre en place, il ajoute : " La direction du Groupe La Vie-Le Monde a décidé que je devais quitter Le Monde, journal où je travaille depuis 25 ans (...) Après me l’avoir notifié oralement, elle l’a fait savoir publiquement par voie de presse. Sur le fond comme sur la forme, cette décision me choque et m’attriste ".

 Presse quotidienne nationale. Bataille du contenu. Fronde au Parisien. Désavoué par sa rédaction, le 22 mars, Christian de Villeneuve, le directeur de cette dernière, tentait de désamorcer cette crise de confiance provoquée par le licenciement de son adjoint Jacques Espérandieu.

Dans un texte il ’’prêchi-prêchait’’ la " grande émotion révélatrice de nombreuses inquiétudes ", qu’il mettait sur le compte " probablement " d’un " manque de dialogue, de concertation, d’écoute " (Le Figaro Economie, 23 mars 05).

Omission, probablement... Rappelons en effet " les journalistes " défendaient certes leur directeur adjoint, mais " au nom du contenu " (Libération, 18 mars 05).

Bref, Espérandieu, tenant de l’" investigation ", se serait fait licencier pour opposition ferme et conflictuelle à la ligne éditoriale " people " privilégiée par Christian de Villeneuve.

Le Parisien-Aujourd’hui en France a connu une grève - et reçu le soutien de la Société des Journalistes et des syndicats de L’Express (aucun rapport : Espérandieu est un ancien de L’Express...).

 Presse quotidienne nationale. Lagardère régisseur du Monde et de Libération. Médias & Régies Europe, filiale de Publicis, a donné son accord de principe pour s’associer à Lagardère dans les régies du Monde et de... Libération, en créant une société commune, co-détenue par Lagardère Active Publicité (51%) et Médias & Régies Europe (49%).

Dans l’escarcelle, les " régies des supports de presse donc mais aussi des sites Internet " cédées par Publicis, en fin de contrat avec Le Monde.

Cette nouvelle organisation " se traduira par un déménagement des équipes commerciales du Monde Publicité et d’Espace Libération dans de nouveaux locaux de Lagardère Active Publicité " et " sera soumise à l’avis de la Direction générale de la concurrence et à Bruxelles " (Stratégies Newsletter, 17 mars 05).

 Presse quotidienne sur Internet. Stratégies. Changements de stratégies récents.

Deux types de sites se côtoient.

- Les hybrides : Le monde.fr s’est relifté le 21 mars 05 mais reste gratuit en partie et sur un laps de temps très court (une semaine), à la manière de Libération.fr qui propose gracieusement durant une semaine ses numéros (hors brèves), tout comme Le Figaro Economie.fr (un peu moins généreux). Mais passé certains délais, il faut raquer... [5]
- Les payants : l’Agefi.fr, quotidien économique, a décidé de paraître sous format papier et deviendra un site internet payant.Les Echos [6] et La Tribune proposent leurs articles à la vente sur leur site.

Cela semblait être la " stratégie des quotidiens économique " (La Tribune, 18 mars 05), jusqu’à ce que Aujourd’hui-Le Parisien (+ 3,1 % selon OJD 2004) " considérant qu’il n’est plus question d’offrir sur le Net ce que l’on fait payer chez les marchands de journaux ", décide " de passer les articles du jour en consultation payante sur son site leparisien.com ", à compter du 22 mars 05.

’’Offrir’’ ? Voire... Comme l’écrit Jacques Antoine du Cnam (La Croix, 23 mars 05 -également payant) à propos de " marchandisation et gratuité ", " il y a, enfin, des situations intermédiaires où la gratuité pour l’utilisateur du service est compensée, pour le producteur du service, par des recettes venant de ce que l’on peut appeler un “tiers payant”. Il s’agit notamment des services des chaînes privées de radio et de télévision, et en partie de la presse, le tiers payant étant ici la publicité ".

Ultime rappel : seul France-Soir n’est pas en ligne.

 Presse quotidienne turfiste. Encore du mouvement. Fin février sonnait la mort prématurée du quotidien 1-2-3 Pariez.

Fin mars 05, ça cavale aussi du côté de Paris-Turf et Week-End, le pôle hippique de la Socpresse, qui les vend au fonds d’investissement Montaigu Private Equity pour 40 millions d’euros. Le 14 mars, le comité d’entreprise (dont l’avis n’est que consultatif) s’est prononcé contre (Le Monde, 17 mars 05).

D’ailleurs, Le Monde, préparant la “phase 3” de son “redressement” envisagerait de proposer en septembre des pages hippiques (Newsletter de CB News, 1er avril 05).

 Presse quotidienne nationale. L’Humanité mauvais patron ? Il fallait bien que cela sorte dans L’Express (28 mars 05). L’hebdomadaire se gausse de ce que L’Humanité niche en son sein la " très radicale " (pléonasme) CNT, laquelle attaque la direction du quotidien car " elle ne respecte pas les salaires minimaux conventionnels ".

Condamné par la justice, la direction de L’Humanité se défend en arguant de ses difficultés financières, et s’en prend à la pratique de la judiciarisation de la part du syndicat anarcho-syndicaliste, qui, en défendant les pigistes " poursuit un objectif politique " (visant la CGT). Tout ceci dans le magazine de la Socpresse de ‘“Dassault les idées saines’”.

 Presse quotidienne régionale. Délestages. Après l’Ouest (lire L’actualité des médias n°38 (15 fév. au 15 mars 2005), " Ouest-France Imperator ", et ci-dessous), Dassault se soulage du Sud-Est - son pôle Rhônes-Alpes. La Socpresse négocierait avec le fonds britannique Candover la cession du Dauphiné libéré et du Progrès pour 250 millions d’euros.

Par ailleurs, le groupe France Antilles (Paris Normandie, Paru vendu, etc.) de Philippe Hersant cède sa filiale OSP (Office spécial de publicité), régisseur exclusif des journaux officiels (JO, Balo, Bodacc). Une décision s’inscrivant, selon France Antilles, " dans le cadre de sa stratégie de développement centrée sur l’édition de médias de proximité " (Stratégies Newsletter, 23 mars 05).

 Presse régionale. Allégeances et résistances. Les comités d’entreprise du Courrier de l’Ouest et du Maine Libre (pôle Ouest de la Socpresse), la Filpac-CGT et FO ont émis le 29 mars 05 un avis favorable à la reprise des deux titres par le groupe Ouest-France.

Seul le représentant des journalistes SNJ au Courrier de l’Ouest a voté contre, précisant qu’il s’agissait d’un " non d’inquiétude plus que de fermeture, essentiellement par rapport au maintien de l’emploi et de l’indépendance éditoriale " (Stratégies Newsletter, 30 mars 05).

Le personnel prépresse (saisie, correction, mise en page, photogravure) de Sud-Ouest a cessé le travail le 1er avril : " C’est la sixième fois depuis le début de l’année et la troisième fois en moins de huit jours que le journal ne paraît pas " notent Les Echos (4 avril 05), qui oublient les motifs : " une réorganisation qui pourrait coûter 73 emplois " (Le Figaro Economie, 2 avril).

Ailleurs, " les élus du Syndicat des journalistes CFDT du quotidien régional Les Dernières nouvelles d’Alsace{} (ont annoncé) leur adhésion au Syndicat national des journalistes CGT. Cette décision, expliquent-ils, est motivée par "la dérive vers la gestion du libéralisme galopant" de la CFDT " (Libération, 16 mars 05).

 Presse Régionale. Un nouveau gratuit qui converge. Le Républicain Lorrain lancera le 6 avril Tout1nfo, un hebdomadaire d’information gratuit. Le titre sera " multimédia, accessible également par Internet " (www.tout1nfo.fr) et " recevable par les téléphones mobiles " (Le Figaro Economie, 30 mars 05).

 Presse quotidienne Régionale. La télévision locale " pépite cachée et convoitée ". CB News, dans son dossier sur la PQR (28 mars 05) l’annonce : l’enjeu de la télévision locale et de l’ouverture de la publicité de la grande distribution à cette dernière redonne un lustre au secteur. Illustrations de la quinzaine : Le Télégramme a proposé à Ouest France de reprendre 20% du capital de TV Nantes Atlantique qui n’est " prêt qu’à lâcher 10% de la télévision locale " (StratégiesNewsletter, 30 mars 05) ; et le pôle Rhônes-Alpes de la Socpresse vendu à un fonds d’investissement (voir plus haut).

Car il s’agit bien d’eux... D’où le titre de La Tribune (24 mars 05) : " la pépite ", et son constat : " les fonds d’investissement n’ont pas l’habitude de s’intéresser à des activités potentiellement peu rentables. C’est donc qu’ils estiment que la presse régionale peut dégager une bonne marge. Pour peu, soulignent les banquiers, que l’on mette à la tête de ces pôles de bons managers associés à de bons journalistes ".

Le quotidien économique prend naturellement acte de ces mœurs mais s’alarme dans un discours patriotique : " dans ces conditions, certains espèrent que les investisseurs et les fonds français vont s’intéresser à de tels dossiers et ne vont pas laisser le champ libre aux puissants opérateurs anglo-saxons ". Mieux vaut se faire plumer français ?

 Presse gratuite. La segmentation perpétuelle (suite)... Après l’annonce de l’arrivée de Sport au féminin, voici venir :
- en mai 2005, Voyage pratique, premier journal gratuit sur le tourisme par les éditions du Gecko, un mensuel (catalogue ?) pour l’Ile-de-France et Lyon ;
- le 14 avril 2005, un supplément Finances (trimestriel) à Métro, en partenariat avec Le Journal des Finances (CB News, 18 mars 05 ;
- le 28 avril 2005, par l’agence Pataquès en partenariat avec l’association Aides, un nouveau mensuel, Soft, dédié à la sexualité et à la séduction ;
- actuellement GoGo (sic), un magazine culturel en anglais portant sur l’actualité parisienne.

 Hebdomadaires. Qui va bien ? OJD 2004. Les newsmagazines ont enregistré une progression de leur diffusion France payée de 3,2%, selon les chiffres de l’OJD (publiés sur son site).

Stabilité pour Le Nouvel Observateur (511 913 ex.) et L’Express (433294 ex.).

En belle progression, Le Point et Courrier International, respectivement de +5,7% (à 370 893 ex.) et +1,7% (à 173 378 ex.).

Rappelons que Marianne ne figure pas dans le classement, Jean-François Khan ayant retiré en 2002 son titre de l’organisme en dénonçant " l’OJD (ce pseudo-organisme de contrôle à destination des publicitaires) qui vise a gonfler les chiffres de diffusion ".

 Presse magazine économique. Le Nouvel Observateur ambitieux. Le Nouvel Observateur aurait fait une proposition ferme de rachat du Nouvel Economiste sous perfusion et mourrant (La Tribune, 24 mars 05).

Pour Claude Perdriel, président du groupe Nouvel Observateur, c’est " une belle marque (sic) et surtout, son prix du "manager de l’année" est très convoité " (par les annonceurs).

A noter que le groupe vient de décider de changer la périodicité de Challenges, de bimensuel à hebdomadaire, Claude Perdriel pariant sur " la reprise du marché de la pub " (CB News, 4 avril 2005).

Fusion (avec licenciements) en vue ?

 Presse Professionnelle. Fonds d’investissements. La direction du Groupe Industrie Services info (Gisi) (L’Usine Nouvelle, LSA et Industries & Technologies) a détaillé le 15 mars 05 lors d’un comité d’entreprise extraordinaire son projet de plan de restructuration : 75 départs sont prévus sur les 390 salariés du groupe (voir plus haut : " Taylorisation de l’information. Fonds d’investissements "). Résultat : grève de 24 heures de 110 salariés, du 17 au 22 mars 05.
Rappel. " En 2002, Vivendi Universal Publishing (VUP) a cédé aux fonds anglo-saxons Cinven, Carlyle et Apax son pôle de presse professionnelle, baptisé depuis Aprovia, et composé aujourd’hui de Gisi (qui édite L’Usine nouvelle et LSA) et du groupe Tests (O1 Informatique) " (Le Monde, 23 mars 05).

De leur côté, Le Quotidien du médecin, Le Généraliste et Le Quotidien du Pharmacien ont dégagé en 2004 un bénéfice imposable de 6 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires d’environ 60 millions d’euros. Propriété depuis 2002 des fonds d’investissement Cinven, Carlyle et Apax, ces titres viennent d’être revendus au groupe britannique de médias United Business Media (UBM), pour un montant de 363 millions d’euros. (Sratégies Newsletter, 1er avril 05).

 Presse catholique. Rififi. Michel Cool n’est plus directeur de la rédaction de Témoignage Chrétien, “excommunié” pour mauvais résultats par Jacques Maillot, " voyagiste et militant catholique qu’il avait lui-même sollicité pour contribuer au sauvetage du titre " (Le Monde, 18 mars 05). Le directeur évincé se dit " choqué " par cette " logique de rentabilité immédiate ". Et Jacques Maillot justifie, sans rire : " Je ne suis jamais intervenu dans la ligne éditoriale, mais la baisse des recettes m’a obligé à tirer la sonnette d’alarme, avant de décider ce plan social pour préserver notre indépendance ".

 - Presse catholique : Acrimed se fait rectifier. Luc Chatel, président de l’Association des journalistes et salariés de Témoignage Chrétien, nous écrit :
« Le départ de Michel Cool est à resituer dans un contexte économique et social plus complexe. Les actionnaires principaux, dont Jacques Maillot, sont présents dans le capital du journal depuis au moins deux ans, à la demande expresse de Michel Cool. Ce dernier avait décidé, début janvier 2005, d’engager un plan social visant à supprimer quatre postes sur quinze, appliquant ainsi cette logique de « rentabilité fincancière » qu’il dénonce par ailleurs. L’unanimité de la rédaction a alors demandé à ce que son poste soit supprimé. Par ailleurs, nous attestons que Jacques Maillot, ni aucun autre actionnaire, n’a cherché à exercer de pression sur la rédaction. Ce n’est pas de la flatterie, juste la vérité. ». Dont acte et à suivre... (Le 13 avril 2005)

 Presse Internationale. WoZ et La Tribune de Genève en difficulté. Le personnel de La Tribune (la Société des rédacteurs) s’opposant à une restructuration, pour contrer le projet Polymédia du groupe Edipresse, a debrayé le 21 mars 05.

Toujours en Suisse, la Wochenzeitung (WOZ) a des " problèmes financiers spectaculaires (...) Le personnel va réduire son taux d’occupation et augmenter ses prêts à son employeur avec effet immédiat. " Car, " si les employés et coactionnaires ne réussissent pas à équilibrer le capital de lan WOZ sous peu, la survie du journal indépendant de gauche risque d’être sérieusement compromise " (Le Courrier, 24 mars 05).

IV. TNT : qui va (vraiment) gagner des millions ?

Lancement effectué, le 31 mars 05, des 14 chaînes gratuites en " qualité " (comme on le dit pour la nourriture des étals) numérique.

Notons l’accueil dramaturgique des médias mettant l’événement à un niveau proche du bouleversement révolutionnaire (" Big Bang " pour Les Echos, " nouvelle ère " pour Le Parisien, " la grande révolution " pour Le Figaro Economie, du 31 mars 05) et présentant le téléspectateur comme " gagnant ".

Bref, quelques mises aux points s’imposent.

Révolutionnaire ? Une affirmation répétée notamment par Dominique Baudis. Président du CSA, et " héros " consacré dans la rubrique " En hausse " du Nouvel Observateur (31 mars 05), donnant une interview au Monde (1er avril 05), ayant les honneurs des éditoriaux de La Tribune et des Echos (31 mars 05) pour " le fruit de la persévérance ", il évoque, en effet, un " événement unique dans l’histoire de la télévision ".

Et pour convaincre les réfractaires, il sort l’argument bienveillant de la " lutte contre la fracture numérique " (La Tribune, 31 mars 05).

Le Parisien (31 mars 05) est pourtant certainement sincère quand il déborde d’enthousiasme pour " la nouvelle télévision " en présentant ces " chaînes qui vont enrichir leurs soirées, en attendant d’autres nouveautés, en juin et en septembre ".

Il s’adresse à un lectorat-consommateur appâté par une opération de matraquage semble avoir porté ses fruits. Ainsi " un quart des Français se dit décidé à s’équiper pour la télévision numérique terrestre. (...) Une progression aussi rapide de la pénétration serait conforme aux prévisions les plus optimistes. " (La Tribune, 1er avril 2005). Et une enquête Médiamétrie (encore lui !), indique que 27% des Français auraient l’intention d’acheter un adaptateur.

Qui sont les vrais " gagnants " ? En tout cas, lutter contre la fracture numérique et pour la " culture " (toujours Le Parisien) entre parfaitement dans la logique libérale.

Primo, trivialement, la TNT, c’est plus de télé à bouffer et, aux dires même de certains professionnels, " un bouquet pauvre, de télévisions poubelles ". Le téléspectateur " va y gagner ", selon Le Parisien (31 mars 05) lequel prend peut-être son lecteur pour un demeuré lorsqu’il écrit : " on imagine l’embarras des téléspectateurs qui ne recevaient que six chaînes hertziennes, dans le meilleur des cas, et qui, d’un coup, vont se retrouver avec sept propositions supplémentaires pour agrémenter leur soirée télé. "

Secundo, cette lutte contre la " fracture numérique " [7]) grimée en révolution repose sur le " gâteau de la publicité " (La Tribune, 31 mars 05). Sans elle " point de salut "pourla TNT, écrit Le Parisien. Dominique Baudis l’oublie en répondant au Monde : (" Comment le CSA va-t-il mesurer la réussite de la TNT ? ") " On le verra au taux d’équipement et à l’intérêt plus ou moins grand pour les nouveaux programmes. Désormais, c’est aux chaînes de la TNT de trouver leur public. " Ce qui ne devrait pas être difficile au vu du matraquage.

La publicité a déjà mis le couvert : un dispositif de mesure est prêt [8], ainsi que la stratégie de ciblage : " Si une nouvelle offre de programmes non payants peut se développer de manière spectaculaire, c’est qu’elle correspond à un souhait de leurs financiers potentiels, les publicitaires. Les records d’audience, dont ils sont notoirement friands, ont l’inconvénient d’offrir un public indifférencié. Or, ils souhaitent aussi pouvoir disposer d’une approche plus qualitative des futurs acheteurs de leurs produits. La segmentation des spectateurs en catégories particularisées - par âges, par goûts, etc. - permet de viser des cibles plus restreintes mais aussi plus rentables " (Libération, 31 mars 05). Et de nouveaux annonceurs - et pas des moindres - vont accéder pour la première fois à une audience nationale : " La grande distribution s’engouffre dans le marché de la TNT " (La Tribune, 31 mars 05).

Tertio, on appâte le téléspectateur et on le déclare bénéficiaire sans lésiner sur la démagogie, comme le montrent les articles consacrés au lancement de la TNT. Ce qui fait peut-être oublier que ce " gagnant " a dans ses mains la télécommande qui va :

- modifier " l’équilibre de l’audiovisuel entre des chaînes financées par la publicité, d’autres en partie financées par la redevance et celles tirant leurs ressources des abonnements ". A titre d’exemple, Arte qui émettra 24 heures sur 24, telle une brebis dans l’enclos de cette TNT convoités par les puissants opérateurs privés ; " L’Etat doit aider Arte ", implore son président (Le Figaro Economie, 23 mars 05). Il parle bien sûr d’" enjeux comme les besoins financiers ".

- enrichir les chaînes historiques (dont TF 1 et M6), doper les entrantes dont " AB Groupe, NRJ et Bolloré ", qui comptent bien, elles aussi, trouver une " place au soleil " (Les Echos, 31 mars 05) et lancer encore dans la compétition des protagonistes venu du milieu ou d’ailleurs : le CSA examinera prochainement 35 candidatures [9].

Parmi elles figurent le groupe Next Radio, la holding qui contrôle les radios RMC Info et BFM, qui demande carrément deux fréquences, en montrant ses muscles (du " cash flow ") et arguant que, si " les plus grands groupes de télévision disposent de six canaux chacun, il ne serait pas aberrant qu’un nouvel entrant dispose de deux chaînes " (Le Figaro Economie, 22 mars 05).

- donner de une nouvelle impulsion à l’industrie électronique : " une nouvelle technologie pour relancer la concurrence ", explique clairement Le Figaro Economie (31 mars 05) : fabricants d’adaptateurs, d’antennes ou d’équipements... Avec à l’aune de 2007 l’installation de " la télévision haute définition " et tout l’entretien qui va avec (fabricants, marketing, distribution, convergence...).

- et accessoirement aider les cumulards ou recasés : Jean-Luc Hees, ex- directeur de France Inter va sur France 5, Alexandre Adler sur Direct 8 (groupe Bolloré, Direct 8 indique tout de même avoir embauché " 180 personnes pour constituer ses équipes ". A suivre...

Du boulot, ce n’est pas le cas de tout le monde : le bureau marseillais de TMC a fermé, suite au rachat de la chaîne par TF1 et AB. Pourtant, TMC fait partie des quatorze chaînes gratuites lancées à la plèbe (Stratégies Newsletter, 17 mars 05).

L’occasion de rappeler au fond que la TNT ne couvrira environ que 35% de la population - dont Marseille mais pas le reste du département -... et 85 % " à terme " (sic, pour le site de TDF - lien périmé).

On vous le disait, il ne s’agit que de lutter contre la " fracture numérique "...

 
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Notes

[1Un consortium anglo-saxon.

[2Tandis qu’au Monde, rapporte Le Canard Enchaîné (23 mars 05) sous le titre " Nouveau conseil de surveillance au Monde ? ", un " projet de règlement intérieur " prévoit que " l’usage du téléphone et des messageries électroniques à des fins privées " est prohibé " sauf cas graves ou urgents et sous réserve d’une autorisation " ; " l’entreprise se réserve le droit de vérifier à tout moment ces provenances " ; " les entrées et sorties du personnel s’effectuent en empruntant les itinéraires et issues prévues à cet effet " ; " en cas de disparition d’objets, de matériels ou de documents dans l’entreprise, et dans l’intérêt de la sécurité collective du personnel, des fouilles pourront être organisées aux heures de sorties. "
Il n’est évidemment pas question de tenter d’empêcher notamment les " fuites " sur la vie interne du journal : Le Monde est toujours en première ligne pour défendre le " droit à l’information "... Voir notamment rubrique 204 et rubrique 237 (note d’Acrimed).

[3Retraçant les débuts de Marianne, son directeur Jean-François Kahn écrivait (dans Ce que Marianne en pense, Mille et une nuits, 2002) :
" Quant a l’imprimerie avec laquelle nous contractames, et qui s’appelait Maury, elle nous fit savoir, quasi insolemment, juste avant notre sortie, sous la pression d’un concurrent, qu’elle refusait de nous imprimer " (lire Marianne et les "bien-pensants"). Quel pouvait bien être ce " concurrent " particulièrement retors ? (note d’Acrimed)

[4Dimanche 3 avril, le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier était l’invité de Michel Drucker sur France 2 dans “Vivement dimanche” et "Vivement dimanche prochain”. Le "journaliste politique" de l’émission, Jean-Pierre Elkabbach, était soudain interrogé par Drucker sur la différence entre Barnier et son prédécesseur au Quai d’Orsay, Dominique de Villepin. Avec Barnier, " on n’a pas l’impression d’être méprisé ”, répondait tout de go Elkabbach. On se gardera bien de relever une relation entre la soudaine audace d’Elkabbach et le fait que Barnier, en tant que ministre des Affaires étrangères, compte parmi ses responsabilités la Chaîne d’information internationale (note d’Acrimed).

[5Seul L’humanité.fr met toutes ses archives gratuitement à disposition.

[6Offrant toutefois ses éditoriaux évangélisateurs à l’internaute pauvre.

[7Argument partagé béatement Dominique Wolton dans Télérama (30 mars 05).

[8Elle n’a pas perdu de temps : " Dès le vendredi 1er avril tombaient les premiers chiffres sur les investissements pub sur les nouvelles chaînes de la TNT (soirée du jeudi 31 mars 05) " (Newsletter CB News, 3 avril).

[9Voir sur le site du CSA.

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