Accueil > (...) > L’actualité des médias (2003-2010)

L’actualité des médias n°15 (2 déc. 2003 - 15 jan. 2004)

par William Salama,

Nouvelle présentation (mais qui ne change rien au fond !)
Lire nos éditions précédentes.

I. Rive droite

 Monsieur le Député. Pierre-Christophe Baguet, député UDF, est l’auteur d’un précédent rapport suggérant la fin du monopole de TDF [1] sur la diffusion des radios publiques et l’ouverture de la bande AM car « le marché a déjà décidé » (Libération, 30 octobre). Ce même député est interrogé par Le Figaro Economie (12 janvier) sur la politique de communication et la « niche parlementaire » du Palais Bourbon dont il est à l’origine : « les trois principaux médias que sont la presse, la radio et la télévision [...] connaissent une profonde remise en question de leur fonctionnement et de leurs règles. Or il est essentiel de préserver leur équilibre et leur accès à tous les citoyens car ils jouent un rôle important dans la démocratie et son exercice. » Et : « nous nous focalisons sur une logique purement économique au lieu d’avoir une approche médiatique et plus globale ». Il aura (au moins) exprimé son avis....

 Monsieur le Ministre. Le lendemain (13 janvier), à la question « comment se fait-il que la politique du gouvernement ne soit pas comprise par les parlementaires ? », Jean-Jacques Aillagon ose : « La politique du gouvernement a déjà fait l’objet de plusieurs débats au Parlement, lors de l’examen du budget de la communication. Ils ont mis en évidence la très large convergence de vue entre la majorité et le gouvernement sur les enjeux de ce secteur  ». Comme pour la CII ?

Le même Aillagon, le 14 janvier (toujours dans Le Figaro Economie...), complète, et, lors de ses vœux « souhaite que le ministère de la Culture et de la Communication et les professionnels puissent annoncer, dans le courant du premier semestre, une initiative forte pour encourager les jeunes à la lecture de la presse quotidienne ». Plus important, il « écarte une privatisation de France 2 ». A garder en tête.

II. Radios et télévisions

 Intermittents et audiovisuel public. Un rapport incomplet (qui laisse tranquille l’audiovisuel privé - détails dans Le Monde, 15 janvier) nous apprend que « 21 % du travail est assuré par les intermittents ». « Un trop-plein » juge La Croix (17 janvier). Et un « recours aux intermittents [qui] n’est pas condamné » tente Le Figaro Economie (15 janvier).

 CII. Dès le départ on le savait [2] : peut-être est-ce le manque de crédits qui aura raison du projet : « « Pour monter la moindre petite chaîne, il faut au moins 100 millions d’euros ! » rigole le petit monde de l’audiovisuel. De toute façon, même ces 70 millions, affirme Didier Mathus, « le gouvernement n’en a pas la queue d’un » », commente Libération du 13 janvier.

Mais en attendant, et au moment où Chirac ordonne le lancement de sa chaîne pour 2004, voici deux nouvelles frondes conjointes à celle des parlementaires toujours sur le feu (cf. interview du député Rocheblonde dans Le Monde du 13 janvier ou bien « pour une chaîne d’information internationale, mais publique » dans L’Humanité du 14 janvier).

D’une part celle des syndicats des chaînes publiques qui craignent « un démantèlement de l’audiovisuel public » (Le Figaro Economie, 13 janvier) et d’autre part l’Observatoire Français des Médias (lien périmé, août 2013).

  Publicité télévisée. On disait rétifs certains groupes de presse et de l’édition mais, mimétisme oblige, depuis l’autorisation d’annoncer en presse télévisée « entre le 1er et le 4 janvier 2004, 78 spots pour des entreprises de presse ont été programmés sur les chaînes hertziennes, dont 49 sur TF1, 28 sur M6, 1 sur Canal + et ... aucun sur France Télévisions. Au total, cela représente déjà 1 millions d’euros investis » (Stratégies, 8 janvier 2004). Au premier rang des « donateurs », les magazines télés, un magazine de tiercé et Réponse à Tout (Groupe Ayache). Et c’est au tour du Monde 2, maintenant (Stratégies, 15 janvier).

 Télévision par ADSL. Un champ de bataille entre opérateurs avec des procès intentés contre France Télécom pour « abus de position dominante » (Les Echos, 9 Janvier), des « producteurs qui dénoncent la diffusion de programmes via l’ADSL » (La Tribune, 10 décembre), des câblo-opérateurs qui sont à vendre, une loi sur l’économie numérique qui « électrise » les parlementaires (La Tribune, 6 janvier). Sans oublier, maintenant, la « vidéo à la demande qui espère décoller en même temps que l’ADSL » (Les Echos, 12 janvier).

Bref, une réalité miroitée pour certains et douloureuse pour d’autres, qui « rend urgente la recomposition du câble français » (La Tribune, 12 décembre).

  TNT. TNT is not dead. NRJ, AB et Bolloré voudraient que les Français qui paient la redevance bénéficient d’un accès « garanti » à leur chaîne (Le Figaro Economie du 8 janvier). Ce qui aiderait certainement à vendre un taux de téléspectateurs « garantis » aux annonceurs. Et un « fabricant de décodeurs [...] s’est porté candidat pour distribuer les chaînes payantes » (Le Monde du 9 janvier, source Sattelifax) avant que Canal Plus ne l’exige que pour lui seul (« Canal+ réclame l’exclusivité de la distribution », Le Figaro Economie du 10 janvier).

 RFO. La perspective du démantèlement de l’audiovisuel public, contre laquelle s’élèvent les syndicats des chaînes, participe aussi de la récente intégration de RFO à France Télévisions. Regrouper pour mieux cibler ? Lire « les inquiétudes persistent » (L’Humanité, 15 janvier).

 TF1-Lagardère. Nécessité économique faisant loi, les deux groupes s’entendent pour fusionner leur chaînes déficitaires : respectivement TV Breizh et Match TV (Le Monde, 9 janvier). Un petit rapprochement test sur le marché de la télévision payante, voire celui de la TNT.

 TF1. A signaler, dans Stratégies du 15 janvier, une interview de Patrick Le Lay (donneur de leçon) qui balaie un grand nombre de sujet (CII, Métro, ADSL, TNT) dans lesquels TF1 est impliqué ou qu’elle rejette (TNT). On ne peut donc s’empêcher (rétrospectivement) de renvoyer à ce bon titre d’Enjeux-Les Echos (8 janvier 2004) : « TF1 a les moyens d’afficher sa morgue », avec des informations sonnantes et trébuchantes sur sa force publicitaire («  un cas : moins de téléspectateurs mais toujours plus de pub ») ; sa « science du lobbying  », ses « abus de domination  » (sic), «  l’influence de son JT  », ses ambitions... A garder en tête : il suffirait que la chaîne perde « 10 points de parts de marché pour que son bénéfice disparaisse ». On en est loin en 2003 : 3 millions de chiffre d’affaires, 31,5 % de part moyenne d’audience, 56,4% de parts de marché, selon Stratégies (15 janvier).

 M6. M6 n’est toujours pas vendu par Suez. RTL Group, son autre co-propriétaire, étudie le nouveau projet de convention proposé par le CSA (détails dans La Tribune, 8 janvier). Vente « bloquée » par les impératifs juridiques qui enragent RTL Group et exaspèrent Suez, selon le quotidien, qui cite une étude sur la « caducité de la réglementation française » (variante : « un pays particulièrement contraignant en ce qui concerne le secteur audiovisuel » Le Figaro Economie, 9 janvier).

Paris Première est détenu par Suez à 89,4 % et 10,6 % par M6. Or M6 est la propriété de Suez à 37 % (environ).

Tout cela est compliqué, mais autorise certainement M6 à « s’approprier (sic) la chaîne du câble Paris Première, en faisant valoir son droit de préemption » pour 20 millions d’euros et à la barbe d’AB.

 Radio. Les modalités étant douteuses (une « accusation de portage »), Lagardère Active Broadcast (Europe 1, Europe 2 et RFM) s’est vu refuser par le CSA la possibilité de monter à 100 % dans la société de radio LV & Co (il en possédait déjà 20 %) - à savoir Voltage et MFM (Les Echos du 22 décembre).

III. Presse écrite, agences de presse et édition

 Modernisation de la presse. Le 18 novembre 2003, Yves de Chaisemartin (PDG de la Socpresse - Le Figaro...) démissionnait de la tête du SPP (Syndicat de la presse parisienne) qu’il présidait. Il précipitait ainsi les discussions avec le Syndicat du livre sur l’avenir de la presse écrite, discussions que Le Monde (9 janvier) a pris l’initiative de dévoiler. A savoir, la mouture d’un accord-cadre [3] sur la foi duquel Le Monde avance que : « Les discussions entre le SPP et le Syndicat du Livre commencent dans un climat constructif ».

Le climat constructif est sans doute ce nouveau « contrat social » que le gouvernement défend (Le Figaro Economie, 13 janvier) et certainement « les conséquences sociales qu’il conviendra de tirer, le jour où celle-ci connaîtra un début d’application » : « Pour les salariés ne répondant pas au niveau de qualification déterminé par la nouvelle classification, des reclassements dans des emplois au statuts différents seront mis en oeuvre et le préjudice éventuel indemnisé. Pour les salariés rencontrant des difficultés d’adaptation, notamment en raison de leur âge, les parties rechercheront auprès des pouvoirs publics un dispositif spécifique adapté. »

 Diffusion. Une préoccupation médiatique grandissante car stratégique : « La diffusion demeure un maillon faible pour la presse écrite » un dossier du Monde (16 décembre), qui pointe qu’en plus des « conditions de travail difficiles », l’un des fléaux est le « hors presse » (DVD, multimédias) dont les journaux sont souvent les propres pourvoyeurs et qui encombre les kiosquiers. Sur le hors presse, lire Challenges du 8 janvier 2004.

 Agences de presse. Depuis deux mois, l’AFP attend toujours de l’Etat les « 9 millions d’euros » dus à l’agence (Le Figaro Economie, 7 janvier).

Autre tuile : l’agence a perdu son contrat avec Métro (qui lui rapportait « 45 000 euros par mois »). Le quotidien gratuit a trouvé son contenu rédactionnel moins cher chez AP et Reuters (Le Figaro Economie, 13 décembre 2003).

Concernant Reuters, un entrefilet des Echos du 15 janvier informe que « les services parisiens de l’agence [ont voté le 14] une reconduction de leur grève ».

La CFDT et le SNJ protestent « contre le licenciement économique d’un journaliste de 54 ans, ayant trente quatre ans d’ancienneté ». Un mouvement qui dessine également en creux « l’aggravation des conditions de travail » (Libération du 15 janvier).

 Gratuits. Aujourd’hui, l’enjeu des gratuits est aussi capital que celui de la télévision payante. L’actualité s’accélère.

- Les actionnaires de 20 Minutes se séparent de leur président (Hervé Pointillart, voir plus bas).
- Métro qui tire trop (400 000 exemplaires), selon son éditeur Michel Lallement, envisage de restreindre sa diffusion (Challenges du 8 janvier 2004). Le même Metro débarque à Toulouse le 19 janvier (Le Figaro Economie, 15 janvier).
- M6 est en discussion avec 20 Minutes pour aller également en province, nous apprennent Les Echos (14 janvier), ce qui fait dire au quotidien que la rivalité avec TF1 s’est déplacée sur un nouveau terrain (« La presse gratuite, nouvelle arène des chaînes TV  »). Son nouvel actionnaire (TF1) réfléchit avec lui au lancement d’un hebdomadaire de sport gratuit (Les Echos, 13 janvier).
- Enfin, dans une tribune du Monde du 9 janvier (« Taxer les gratuits ») Philippe Zagdoun, membre du comité de direction de groupe Hachette Fillipacchi Médias, s’élève contre la taxation des quotidiens gratuits parce que c’est « une presse de notre époque ». Le leitmotiv est usant : ce n’est pas tant le lectorat que l’énorme potentiel économique qui allèche les éditeurs. Hachette, son employeur, étudie un projet de gratuit avec Le Parisien (La Tribune, 16 décembre 2003).

 Magazines. L’Express (Groupe Express-Expansion) change non seulement de format et de formule, mais aussi de jour de parution. Embouteillage le jeudi oblige (Le Nouvel Obs, mais aussi Le Point qui, paraissant jusque là le vendredi, avance d’un jour), L’Express, comme Marianne, paraîtra le lundi « qui s’impose comme meilleur jour en kiosque ». Un pari risqué selon Denis Jeambar, directeur de la rédaction et président du directoire du Groupe. « Mais au pire, nous risquons d’être contraints de revenir au jeudi... » (Stratégies, 8 janvier 2004).

D’autant plus risqué que Le Monde met sur le marché le 16 janvier son magazine « de fin de semaine  » (Le Monde 2). Lequel permettra notamment de se constituer « une documentation de référence sans équivalent » (lettre de J.-M. Colombani insérée dans l’édition du 10 janvier réservée aux abonnés). Le budget est de 5 millions d’euros dont 3 de publicité (télévision comprise). Tout sur ce « pari » dans Les Echos du 14 janvier.

Enfin, Le Figaro se sentant menacé, mais pas au point de revoir sa formule, riposte en appâtant le chaland avec un DVD (compter trois euros de plus) le samedi 17 janvier [4].

Le 17 janvier, L’Humanité (qui a aussi son hebdo ce jour) désigne cette concurrence comme la « bataille du samedi »...

 La Vie-Le Monde. Après quelques étêtages [5] qui ont tôt fait d’imposer la puissance du Monde dans sa nouvelle structure, reste pour Jean-Marie Colombani à « restaurer les finances du groupe ».

Tir groupé : « Le Monde compte sur son nouvel hebdo pour remonter la pente » (La Tribune, 16 janvier) ; « Le Monde devrait perdre 15 millions en 2003  » (Les Echos, 14 janvier) ; « Le Monde finalise la cession de sa Presse Informatique » (La Tribune du 17 décembre) mais aussi « l’étrange proposition du Monde » (L’Express, 18 décembre 2003) un article qui apprend autant sur la fatuité que sur les difficultés financières du journal qui se dit de référence : « Imaginez que l’on vous propose d’échanger vos deux précieux barils d’Ariel contre un baril de marque inconnue... C’est à peu près ce que demandent les dirigeants du journal Le Monde à certains de leurs créanciers ».

 Le Point. « Le Point rachète le Magazine Littéraire » (La Croix, 15 janvier).

 Groupes Express-Expansion -Socpresse. « Le capital du groupe Express-Expansion suspendu aux discussions entre Dassault et la Socpresse », nous apprend Le Monde du 17 janvier qui détaille tout ce qui fâche ou fâchera (notamment cette dette de 230 millions contractée auprès de Dassault, déjà actionnaire de la Socpresse à 30 %, dette qui arrive à échéance, et le sort de Denis Jeambar, sur la sellette).

Au moment où Le Monde fait l’objet de critiques sur ses comptes et son nouveau groupe, en plus de la bataille du week-end, Stratégies (8 janvier 2004) prévoit une guerre avec Le Figaro pour 2004. Oh rien de très visible : simple question d’espaces publicitaires (Voir plus haut).

Extrait : «  Aujourd’hui, il existe peu de synergies entre la Socpresse et le groupe Express-Expansion. Avec sa nouvelle formule, L’Express est même en concurrence frontale avec Le Figaro du lundi sur les petites annonces. Et l’hebdomadaire se veut plus réactif sur l’actualité empiétant un peu plus sur le territoire du Figaro ».

Lire également « Serge Dassault réoriente la presse » dans « L’actualité des médias n°14 ».

 Prisma Presse. Après Shopping (magalogue), « Prisma Presse lance Télé 2 semaines » : un quinzomadaire de télévision. Autant dire une révolution dans le paysage des magazines de télévision, hebdomadaires. Le PDG Axel Ganz la théorise : « À chaque fois, notre stratégie répond à une logique simple : soit nous créons des titres qui n’existent pas, soit nous apportons quelque chose de nouveau. »

Lire également son interview dans Le Monde (14 janvier) dans laquelle il défend les diffuseurs qu’il noie de ses publications : « la rémunération des diffuseurs de presse doit être augmentée, en échange d’un accroissement des ventes grâce à une meilleure productivité ». Merci et à bientôt.

 Regards. Un titre ancien qui revient et se présente ainsi : « un mensuel qui se situe dans une tradition politique communiste en voulant lui restituer toutes ses couleurs et ses différentes sensibilités.  ».

 Editis. Le 2 janvier, « sans surprise » (Le Figaro Economie du 8 janvier), la Commission européenne a autorisé le rachat par Lagardère de 39% d’Editis. Pas de drame pour lui cependant car question rentabilité, bien avant cette décision, il était déjà sûr que « Lagardère [avait] réussit son coup » selon Le Revenu (12 décembre) qui conseillait aux actionnaires de « revenir à l’achat » [6]. Le reste est à donc à vendre : 60 % mais à qui : Rizzoli ? Media-Participations ? Comment ? En bloc ? Par appartement ?

Bref, à l’issue de « ces obstacles et ces leurres » se régale par avance Le Monde (9 janvier) restera - accessoirement- aux médias à évoquer le sort des salariés des entités d’Editis après avoir épuisé tous les autres sujets.

Et, le 13 janvier pour se protéger de gros malheurs face aux mastodontes, Le Seuil et La Martinière, ex-opposants à la fusion, se sont mariés (comme disent si mal nos médias) pour se hisser au troisième rang de l’édition française (soit 280 millions d’euros selon Les Echos contre 562 pour Editis « reconfiguré »)

A noter la saga retracée dans Enjeux-Les Echos du 8 janvier 2004.

IV. People

 Départs. De Jacques Guérin, directeur général du groupe Amaury (Le Parisien, L’Equipe, France Football, ASO - structure d’organisation d’événements sportifs comme le Paris-Dakar) qui ne l’est plus depuis le 7 janvier. Démissionné (à cause de divergences stratégiques sur les modalités de créer un gratuit qui le sera de toutes façons) par M. Amaury (qui se place à ce poste). On s’amusera à lire l’article du Monde sur le même sujet (9 janvier) peu confraternel pour le groupe Amaury et qui se conclue ainsi : « Au-delà, l’ambiance est actuellement "extrêmement morose, note un journaliste du Parisien, les partants ne sont pas remplacés, les augmentations au sein de la rédaction sont réduites". Ce qui n’est pas de nature à remotiver les équipes. »
De Pierre Assouline, au 19 janvier, qui ne sera plus directeur de la rédaction de Lire (groupe Express-Expansion) - mais devient chroniqueur au Monde 2... Départ signalé (mais peu commenté) par nos quotidiens du 7 janvier.

D’Hervé Pointillart, président de 20 minutes, au bénéfice de Pierre-Jean Bozo « ancien directeur général de NRJ  » (et qui vient de la communication et du marketing - Le Figaro Economie, 13 janvier).

De Luc Lemaire, ex-directeur des études du CFJ (Centre de formation des journalistes) qui devient ces jours-ci rédacteur en chef de 20 Minutes (Le Figaro Economie, 18 décembre).

Désolé pour ceux qu’on aurait oubliés.

 Nominations. De Gilles Leclerc (14 janvier), qui devient responsable du service politique de France 3, et ce faisant provoque l’ire de la SDJ (Société Des Journalistes). Motif : ses « collaborations extérieures », en d’autres termes, les ménages (Le Monde, 16 janvier).

V. Infos : Vu lu, entendu

  Mauvaise série. Le 9 janvier L’Humanité titrait en Une (lien périmé) et publiait (lien périmé) la lettre d’un chômeur « éjecté au 1er janvier de l’assurance chômage » qui menaçait de se suicider à cause de la politique du gouvernement.

Mais il ne l’a pas fait, L’Humanité brise le 15 janvier le suspense en renchérissant dans le pathos. Cet inconnu qui écrivait « j’ai vécu comme un chien, je vais crever comme un chien  » se fait secouer les puces dans le quotidien reproduisant ces « lettres à un ami chômeur ».

Au-delà du malheur de cet homme, cette instrumentalisation par L’Humanité, certes bienveillante, choque. On peut voir dans ce procédé la victoire du fonctionnement médiatique actuel basée sur la détresse de nos sociétés (le lien entre le taux de suicide et le chômage de longue durée). En être toujours là, en 2004, est, à tout point de vue, exaspérant.

 Coquilles/conditions de travail. Certes il y en a de plus en plus (et notamment dans Le Monde, ce quotidien de « référence »).
Mais celle-ci est énorme (car dans un titre) : « Fauchon racheté un groupe d’investisseurs dirigé par par [sic] Michel Ducros » (Les Echos, 15 janvier, en couverture du cahier 2).
Et la veille, Le Figaro Economie faisait son mea culpa sur une autre : « Une coupe malencontreuse dans notre article consacré, hier, à l’engagement du gouvernement dans le domaine de la presse écrite a rendu incomplets les propos de Jean-Pierre Raffarin. » L’émotion ? Ou les conditions de travail des SR (secrétaires de rédaction) pressurés (des coupes budgétaires qui entraînent des « coupes malencontreuses » ?).

 Incroyable. Texte d’une publicité de France-Soir du 22 décembre : « Un spécial 2004, 8 pages couleurs. Demain 23 décembre. Demandez avec France-Soir votre supplément gratuit de ’’ Nostradamus à 2004 ’’. »

 Journalistes financiers. En plein contexte de scandales liés à l’intégrité douteuse du monde de l’audit, « Bruxelles veut encadrer les pratiques [...] des journalistes financiers  » (Le Monde, 14 janvier). « Ils pourront toujours protéger leurs sources » (qui proviennent des analystes financiers - qui eux devront dévoiler les leurs) mais « devront à terme déclarer leurs intérêts financiers » (très vague).

  Portraits en chaîne. De Jacques Esnous, directeur de l’information de RTL (Stratégies, 8 janvier 2004 et Le Parisien 13 janvier, Libération, 15 janvier) quelque peu sans intérêt (lui-même se dit modeste) sauf celui de faire de la publicité à cette station du groupe Bertelsmann qui en a énormément besoin (« Médiamétrie : RTL reprend la première place » dans Le Figaro Economie, 15 janvier)

 Dominique Wolton. Le « spécialiste des médias » qui parle dans les médias des médias se signale dans Le Figaro Littéraire du 8 janvier : «  Avec la crise du lectorat que nous traversons, la survie de la presse écrite passe d’abord par une réhabilitation de l’enquête... Au XIXe siècle, la presse a conquis ses lettres de noblesse en révélant la condition de vie de la classe ouvrière ! Les journaux ont abandonné l’enquête aux sondages et ils se sont calés dessus. Ils ont cru retrouver une autonomie avec l’investigation. Cela ne suffit pas. Il faut les trois : l’information, l’enquête, l’investigation. » Soit.

Le dossier du Figaro est plus passionnant : il porte sur l’histoire et l’évolution de l’exploitation du fait-divers à propos de la parution de Splendeurs et misères du fait divers, de Louis Chevalier, édition Perrin.

 Marginalisation. Tiens ? France-Soir qui consacre (9 janvier) une double page « aux idées neuves qui s’élèvent contre la pensée unique » : avec interview de Bernard Maris, fiches de lecture (décroissance, Stiglitz). Titre dépréciatif : « Economistes et rebelles ».

 France-Soir et Sarkozy. Philippe Alexandre : « Il faudrait être aussi étranger que l’Uzbek des Lettres Persanes pour ne pas savoir que ce ministre de l’ordre républicain est promis à un destin présidentiel, sans rival sérieux » (France-Soir, 12 janvier, « Pourquoi Sarko se lance si tôt »).

24 décembre, autre beau cadeau : « Chapeau Sarko ! C’est une première, le locataire de la place Beauvau a eu le courage de licencier un fonctionnaire incapable.  » (« le héros du jour » - sic).

  Affaire Baudis. Une brève perdue dans Le Parisien (13 janvier) au sujet du livre que le président du CSA achève (information capitale) sur « la monstrueuse manipulation dont il a été victime ». C’est « monstrueusement » gonflé lorsqu’on se souvient que Le Parisien n’était pas le dernier des manipulateurs-manipulés (lire nos éditions précédentes).

 Psychologie et médias. Le constat d’une « vague de fond » : de plus en plus « l’intime tient le devant de la scène  » (« Quand les psys affrontent les sirènes médiatiques », Le Monde, 14 janvier). Une explication : notre « société » dont les « médias sont le miroir ». Mais pas cette question : qui tend le miroir ?

Lire aussi « Enquête sur le business psy » dans Marianne, 8 décembre.

 Presse People. « Dans les coulisses de Voici » (Le Nouvel Observateur, 11 décembre).

 Sexisme et journalisme. Sous l’égide de l’Association des femmes journalistes (AFJ) : « Le cinquième prix AFJ de la publicité la moins sexiste de l’année est attribué à une publicité [montrant] une femme active dans son rôle professionnel. Or, il est assez rare de voir, dans la pub des femmes exerçant un métier à forte responsabilité. La plupart sont mises en scène pour leurs qualités esthétiques ou dans leur rôle de gardienne du foyer ». CQFD.

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Vœu exaucé : « Le Conseil de la concurrence déclare « caduc » le monopole de TDF » (Les Echos du 2 décembre 2003)

[2Le Canard Enchaîné (1er octobre 2003) a été le premier à relever que « pas le moindre centime d’euro n’est prévu dans le budget 2004 de France Télévisions pour le financement [pas plus que pour la TNT, note d’Acrimed], ce qui reporte à 2005 le lancement ».

[3« Le durcissement de la concurrence exercée par les médias audiovisuels, et plus récemment par les journaux gratuits, impose à la presse écrite une refonte complète de son système économique, dont celui de la fabrication. »

[4Une occasion de rappeler qu’un article sur El Mundo, paru dans Libération (16 septembre 2003), relevait que le quotidien espagnol avait décidé d’offrir des « DVD par milliers » à ses lecteurs pour « doper » ses ventes.

[5Marc Lecarpentier de Télérama, la direction des Cahiers du Cinéma (lire nos éditions précédentes), Etienne Leroy, directeur général des Editions Desclée de Bouwer (Libération, 22 décembre... et Jean-Claude Petit de Malesherbes Publications partant en « retraite anticipée » selon Le Figaro Economie, 15 janvier.

[6La nature fait bien les choses : lire « Cession de 60 % d’Editis : M. Arnaud Lagardère défend sa "décision d’industriel" » (Le Figaro Economie, 5 décembre).

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.