Accueil > (...) > L’actualité des médias (2003-2010)

L’actualité des médias n°12 (14 au 27 octobre 2003)

par William Salama,

I.LES MEDIAS

  Télévision payante. Alors que le CSA juge, en termes de chiffre d’affaires, « l’année 2002 ’’difficile’’ pour le câble et le satellite » (Le Monde, 23 octobre), le Sénat répond aux attentes du lobby du câble, très malheureux en ce moment (lire nos éditions précédentes, même rubrique).
Il vient en effet d’abroger « la règle empêchant les acteurs du secteur de couvrir cumulativement plus de 8 millions de personnes  ».
Traduction de La Tribune (24 octobre, dont était également tirée la citation précédente) : « la concentration des câblo-opérateurs est facilitée  ».

La dernière épine (ou « verrou  ») reste cependant France-Telecom, qui possède «  27 % de Noos, 100 % de France Télécom câble et 70 % des prises exploités par NC-Numéricâble  ».

  Réforme publicitaire dans l’audiovisuel public / Secteurs interdits. Comme pressenti sur ce même canal, les écrans publicitaires des chaînes publiques devraient passer de 8 actuellement à 12 minutes, avant 2005 (ce qui implique une modification de la loi Trautmann, laquelle limitait notamment l’accès au marché publicitaire pour les chaînes publiques).

La motivation du gouvernement, selon Le Figaro Economie (14 octobre), s’articule autour de deux « arguments » imparables qui s’agencent gracieusement dans ce balai libéral : augmenter d’une part « le financement de l’audiovisuel » autrement que par la seule redevance déjà sujette à des prises de becs parlementaires, et, d’autre part, compenser le manque à gagner des télévisions publiques du fait de l’imminente ouverture des secteurs interdits (grande distribution, presse, édition) à la publicité télévisée (qui ne devaient profiter aux chaînes privées).

Bref , « le gouvernement veut réformer en profondeur la publicité à la télévision », et il tombe le masque dans cet article annonciateur du chamboulement (redevance, ouverture aux secteurs interdits, CII) : « récession économique oblige, le gouvernement entend faire de l’audiovisuel une priorité » (Le Figaro Economie, 21 octobre). Mais une alternative à la privatisation prévue existe : L’Humanité Hebdo (18 octobre) expose ses contre-propositions dans « La télé publique en ligne de mire ».

Cette « ouverture » fait par ailleurs des heureux. Concernant la « manne » de la distribution, La Tribune (14 octobre) prévoit une hausse de « 15 % des recettes » des « chaînes du câble et du satellite. » Et concernant la presse, David Guiraud, DG des Echos, se dissocie des confrères de la presse écrite qui regimbaient récemment : « Il faut arrêter de penser que la publicité à la télévision est inaccessible pour la presse. En matière de promotion tout est une question de cible. Sur LCI, il y a des montants tout à fait abordables qui nous permettent de nous adresser à notre public de lecteurs. Je suis partisan d’une meilleure visibilité de la presse à la télévision. Il faut en la matière que nous rattrapions notre retard. » (Le Figaro Economie, 14 octobre).

Pour terminer, une bonne question du Point (Les télés face à la presse, 17 octobre) quant aux conséquences de cette « libéralisation » : « Une chaîne pourra-t-elle refuser [...] qu’un journal d’extrême droite déverse sa haine sur ses écrans de pub ? ».

  CII. Le flux des critiques s’est tari comme prévu, mais quelques ultimes salves sont à noter : « gros cadeau politique et financier à TF1 » et surtout « véritable déni de démocratie que de mépriser ainsi la représentation parlementaire et son travail » (L’Humanité, 13 octobre)...

En effet, et au cas où on l’aurait oublié, il existait une mission d’information parlementaire de députés « de droite et de gauche ». Lesquels ne « voyant plus ’’l’utilité’’ de [sa] tâche après la décision de Jean-Pierre Raffarin de n’en tenir ’’aucunement compte’’ » l’ont « sabordée » (Libération, 15 octobre).
De son côté, le Syndicat national des journalistes déclare " Oui à une chaîne d’information internationale. Non au rapport Brochand "...

Cela dit, il se trouve des défenseurs de CII ! Commençons par le premier servi, TF1 : son président Patrick Le Lay fait savoir dans les ’’Indiscrets’’ de L’Express (16 octobre) qu’il « n’a pas apprécié l’attitude de l’UDF (et) a eu une vive explication avec François Bayrou ». Ensuite, Bernard Brochand, qui le même jour défend son rapport dans la rubrique ’’Le poing sur la table" du Point. Enfin, pour l’anecdote, ces quelques députés UMP (dont Eric Raoult qui faisait partie de la mission parlementaire) dans une tribune du Figaro, intitulée : « un outil essentiel dans la bataille des images  » (21 octobre). Parmi les perles de ce manifeste : « comment dénier à TF1 - qui bénéficie du plus fort taux d’audience dans notre pays - de participer au projet ? ». Lassant...

  Paysage audiovisuel Européen. Le Paysage audiovisuel britannique (hertzien et TV payante : soit la BBC dont le « financement et l’indépendance sont en cours de révision », BskyB de Ruppert Murdoch, et ITV) est en « pleine mutation » expliquée dans La Tribune du 22 octobre (« Dans la jungle de la télévision britannique »).
Et en Espagne, la télévision publique devrait « réduire de 20 % ses effectifs » toujours selon La Tribune.

  Haim Saban. Pour faire mieux connaissance avec ce « self-made man que l’on devrait montrer en exemple » (sic), lire le portrait fleuve et énamouré d’Entreprendre (novembre) : « Saban, le nouveau Murdoch ».
Par ailleurs, Haim Saban vient de mettre en vente la chaîne d’information du groupe allemand ProSieben Sat. 1 (N24). Fox News (Murdoch) est sur les rangs pour compléter sa collection (Le Figaro Economie, 16 octobre).

 AFP. Bertrand Eveno a été reconduit pour 3 ans à la présidence de l’AFP dans un « climat de crise ». La « majorité  » des syndicats «  toujours opposés au contrat d’objectifs et de moyen et à la vente du siège de l’agence par crédit-bail (...) appelle à une grève générale le 4 novembre  » (Les Echos, 27 octobre)

  Nouvelles Formules. Déjà trois semaines de nouvelle formule aux Echos et déjà la curiosité du Figaro Economie (14 octobre) qui questionne sur ce point le directeur général du quotidien économique, David Guiraud, ravi : « 25 % par rapport aux trois semaines précédent la nouvelle formule  » ; « par rapport à la même période, il y a un an une hausse de 9,6 %  » ; « une croissance qui s’établit à 16 % en province  ».
La province étant son motif de satisfaction et « son potentiel de croissance  », à l’instar de Libération (par ailleurs) qui est satisfait de même des « premiers chiffres » de sa nouvelle formule.

  Objectif Province. La province redécouverte : radios, télévisions, presse écrite, gratuits ... tous lorgnent désormais vers ce nouveau Graal.

Les Echos et Libération en font leur nouvel objectif de croissance.
« A Lyon, RTL relance l’info de proximité » par des « décrochages locaux » qui « pourraient être étendus à Marseille et Toulouse » nous apprend Libération du 14 octobre.

Le développement du « réseau de télévision locale hertzien » bat son plein. Le CSA vient de lancer une nouvelle salve d’appels à candidatures pour attribuer une « fréquence analogique dans plusieurs villes de province ». TF1 et M6 s’« intéressent de près » à Montpellier, notamment, et « la Socpresse pose ses jalons  » sur Angers et Le Mans. Autres détails dans La Tribune du 23 octobre.

Le Progrès (groupe Socpresse, encore), envisage, selon la Newsletter de CB News (22 octobre) de « lancer au mois de mars un quotidien gratuit d’information afin de contrer le gratuit Metro , à l’instar de La Provence (groupe HFM) qui avait lancé Marseille Plus ».

Même source, même jour : « Les trois éditions françaises du quotidien gratuit Metro, à Paris, Lyon et Marseille, ont accusé une perte d’exploitation de 2,1 millions de dollars (1,8 M EUR) au 3ème trimestre 2003 ».

Enfin « A Nous Paris, l’hebdomadaire gratuit diffusé dans le métro parisien  » qui, par ailleurs, «  publie une nouvelle formule le 3 novembre (...) afin de « sortir du métro » de développer des partenariats haut de gamme (restaurants, lieux de vie, cinémas...) et de «  récupérer des lecteurs urbains, ultra consommateurs  » (sic), envisage lui aussi de créer A Nous Lyon. Il comprendrait «  70% du contenu commun avec son grand frère parisien  » (Newsletter de CB News, 22 octobre).

 Presse cinéma. Derrière la « vente imminente » du magazine Studio (groupe britannique Emap, encore [1]), se fait jour des stratégies de groupe. Emap, propriétaire à 20 %, entend se concentrer sur le groupe Excelsior (racheté en avril dernier). Canal Plus, autre actionnaire, ne « peut plus se permettre  » de se payer cette « vitrine » (sic), lui qui se détache de la production cinématographique. UGC, dernier actionnaire, bientôt « délivré de son accord capitalistique avec Vivendi Universal n’a plus vraiment de raison de dépenser de l’argent dans la presse  ».

Le Nouvel Observateur ou le groupe Le Monde (qui possède par ailleurs les Cahiers du Cinéma) «  pourrai(en)t être intéressés » ( Le Figaro Economie, 16 octobre).

  Fonds d’investissement. Le producteur Tarak Ben Ammar (qui vient de s’associer avec TF1 en Italie, voir L’actualité des médias n°11), « envisage de lancer dans les prochains mois un fonds d’investissement dans les médias. L’homme d’affaires Vincent Bolloré pourrait faire partie de ses partenaires » (Newsletter CB News, 16 octobre).

La Tribune, 22 octobre, nous apprend que Carven (autre fonds d’investissement) continue de désosser Aprovia en vendant Le Moniteur [2] et en préparant la vente du groupe Gisi (Usine Nouvelle, notamment). Lire La presse spécialisée à l’encan.

  Libération. Quelle Idéologie avait donc Libération ? se demandait-on récemment (cf. L’actualité des médias n°11). Réponse de Serge July (Le Figaro Economie, 13 octobre) : « Nous sommes le journal de la société civile, de ceux qui font bouger les choses. ».

Sauf que Serge July parle de son journal en termes d’« évolution » car il ne veut pas entendre parler de « changement ». Une « version 2003 s’annonçant plus réformiste que révolutionnaire, à l’image de ce qu’est devenu son père spirituel » ironisent donc Les Echos (13 octobre). Libération rassurant (« l’âge de raison », Les Echos) en quête maintenant de « fonds propres » - un actionnaire tiers, pour peser face la Socpresse et au Monde.

  Le Monde / Libération. Amabilités... Le Monde a salué la nouvelle formule de son confrère par ce perfide : « Libération dispose d’une marge de manœuvre étroite pour se redresser » (14 octobre).

Par ailleurs, nous notions que Libération n’avait récemment pas ménagé Le Monde au sujet de l’affaire Schneidermann. Or, ce dernier s’en est allé rejoindre le quotidien de Serge July - mais pour « une collaboration extérieure », précise-t-il (bien qu’hebdomadaire et régulière : « tous les vendredis »). Elle a débuté le 23 octobre (voir plus bas rubrique Les Infos).

Enfin, dans le quiproquo grossier relatif à Télérama et imputable au Monde, remarquons que quand ce quotidien a décidé d’annoncer - en dernière page (16 octobre) - la nomination du remplaçant de Marc Lecarpentier, Bruno Patino, seul Libération (15 octobre) a cru bon de rappeler que « Marc Lecarpentier (n’etait) pas le premier dirigeant d’un titre racheté par Le Monde à être débarqué. Avant lui, Serge Toubiana (...) Figure historique et directeur des Cahiers du cinéma, remercié et remplacé par Franck Nouchi, un journaliste du Monde (revenu depuis au quotidien) (puis) Jean-Michel Frodon, ex-critique de cinéma du Monde. L’éviction la plus spectaculaire concerne José Frèches (Midi Libre, en 1999) qui invite Le Monde à entrer dans son tour de table pour asseoir son pouvoir (...) Deux jours plus tard, il est éjecté. Et c’est Noël-Jean Bergeroux, un homme du Monde, qui prend sa place » (lire Le Monde-Télérama : petite manip entre amis... et Le Monde : un "prédateur", selon trois anciens de Télérama).

  Lagardère et VUP. Arnaud Lagardère s’était engagé à ne pas prendre publiquement la parole sur le dossier (« ne faire aucune déclaration publique », communiqué de presse du groupe, 15 octobre repris par Le Monde, le 16), mais voilà que beaucoup d’informations, intentions ou rumeurs, lancées, puis niées, puis relancées, puis déniées... ont filtré, et filtrent sans arrêt qui font tourner en bourrique nos quotidiens.

Ainsi cette quinzaine. Arnaud Lagardère ne se sent « pas dans l’obligation des céder des actifs à des groupes français  », dit Le Figaro Economie (13 octobre), qui cite le quotidien italien Il Gionarle faisant état de négociations entre Rizzoli (propriétaire du Corriere de la Serra) et Flammarion. Panique...
Le 14 octobre, La Tribune reprend un sondage de Livre Hebdo (sorti de quel chapeau ?) destiné à rassurer les effrayés, dont il ressort qu’ « à une écrasante majorité - 70 % -, les libraires (...) estiment que le rapprochement entre les deux groupes sera sans impact sur leur activité ».
Le 15 octobre, enfin une information crédibilisée par l’emploi du présent (« Arnaud Lagardère veut garder la moitié de l’ex-VUP, rebaptisée Editis », Le Monde ) et le nombre de sources qui la reprennent : Les Echos, La Tribune.
Las... Le 16 octobre un communiqué de presse (repris par Le Monde) rectifie : « les propos prêtés à Arnaud Lagardère (...) ne correspondent pas à la réalité  ».

La « réalité » est, selon La Tribune (22 octobre) (qui cite encore Livres Hebdo) « un projet de scission à la hache  » mais mis au conditionnel.
Ainsi, Lagardère conserverait d’Editis « Larousse et Anaya » et « céderait les éditions scolaires (...), les maisons d’éditions Belfond, Julliard, La Découverte, Nil, Plon-Perrin, Presses de la Cité, Presse de la Renaissance, Robert Laffont, Seghers, Solar  » ; « Les éditions de poche » et le plus important «  Inter Forum » qui est le centre de distribution. C’est Albin Michel qui semble le mieux placé dans la « bataille sur Editis » pour le rachat.... jusqu’au démenti de son président du directoire, Francis Esménard, au Monde (25 octobre) : « C’est en dehors de mes moyens. Je ne veux pas être la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf (...) Je ne suis pas dans cette optique. Bruxelles semble vouloir la vente d’un seul bloc. Je ne rachèterai pas toute la partie d’Editis qui est mise sur le marché globalement ».

Le 27 octobre : c’est l’« heure de vérité » titrent Les Echos. Et, Albin Michel dans les choux, revoici l’italien Rizzoli (en fait RCS Libri, sa branche édition qui contrôle depuis 2000 le français Flammarion), dont l’administrateur délégué (Ferrucio de Bortoli) est interviewé dans La Tribune. Ce dernier jure qu’il n’est « pas en négociation » mais, se dit au « cœur des stratégies françaises  », et ... « plus franco-italien » que « italo-français  ». Quel bagout, ces Italiens...
«  Le groupe a un mois pour convaincre Mario Monti » (Les Echos, 27 octobre).
A suivre.

II. LES INFOS

  Voile islamique et médias. « Crises d’hystérie médiatiques » est un courrier de lecteur que propose Libération dans son édition du 22 octobre. Il fustige et met en parallèle la couverture médiatique sur l’insécurité qui a mené en 2001 à « l’affront national » avec la couverture actuelle et hystérique (donc) sur le voile à l’école, alors que les élections régionales approchent. Bien.
Ce qui n’empêche pas Libération de fourguer ce même jour un article intitulé « des patientes voilées même (sic) à l’hôpital » faisant état de « témoignages inquiétants (re-sic) sur des ’’manifestations d’intégrisme’’  », puis plus loin, un "Rebond" intitulé « exclusion assumée » (celle d’Alma et Leli Levy-Omary).

Mieux : Daniel Schneidermann, "passé à l’ennemi" chez Libération, consacre sa première chronique au traitement médiatique du ... voile (« Alma, Lila, Tariq demandez le scandale », 24 octobre), le plus intéressant de sa chronique se situant ici : « 300 incidents liés au port du voile recensés dans l’Education nationale en 1994, 150 aujourd’hui (chiffres indiqués par le Mrap) ». Dont acte ?

Pour information et conclure, du 13 au 22 au octobre 2003, L’Humanité et La Croix ont respectivement titré une fois sur le « voile » (et uniquement ce terme, c’est dire), Le Parisien : 4, Le Monde : 7, Le Figaro : 9 et Libération : 8.

  Petits soldats du journalisme. Alerte : nouveau bataillon d’élites en vue (« Sciences Po crée une école de journalisme », Le Figaro, 15 octobre) et, pis, Michèle Cotta, Etienne Mougeotte, Nicolas Beytout (entre autres) ont « pour mission de penser le contenu des études ».

 Journalisme économique et entreprises. Si l’on en croit Stratégies (23 octobre, « la lutte des castes ») qui propose un article sur les rapports entre journalistes économiques et les entreprises, la confiance des dirigeants envers leurs relayeurs est perdue (« seuls 65 % des grandes entreprises et 35 % des pme accordent de l’importance à l’opinion des journalistes »).

Une « opinion » de toute façon difficile à se faire désormais, puisque la tendance est au verrouillage et au contrôle strict de l’information émise : « désormais on assiste un formatage de la communication des entreprises avec une judiciarisation des pratiques journalistiques (interview avec avocat, engagement écrit sur l’exactitude des informations publiées, demande de relecture avant publication). »

  Marketing éditorial et connivence médiatique. C’est au tour de Philippe Labro d’avoir son heure de gloire, dans Paris Match (16 octobre), Le Figaro Magazine (20 octobre), au sujet de son dernier effort narcisso-thérapeutique paru chez Albin Michel. Paris Match qui consacre sa Une au livre du fils de Gaulle consacré à son père.

  Marketing éditorial et prix littéraire. Agitation dans le landernau. Le prix Goncourt a été décerné le 21 octobre avec 15 jours d’avance. « En clair », décode France-Soir (22 octobre) : « grillons le Prix de l’Académie française, annoncé le 23 octobre, et le Fémina, prévu la semaine suivante ». Autre sujet à commentaires, c’est un livre Albin Michel (potentiel racheteur sans le sou de ce que Lagardère devait céder, voir plus haut) et « l’important était surtout de récompenser Albin Michel » dit Olivier Boura, interrogé dans le même journal.

De plus, avec l’autorisation à venir de permettre à la grande distribution et à l’édition d’ ’’annoncer’’, imaginez cette publicité : ’’Jean Tartanpion, lauréat 2004 du prix Carrefour, élu produit de l’année’’. Un rêve consumériste qui peut devenir réalité. LSA (23 octobre), hebdomadaire professionnel de la distribution nous apprend en effet que « face à la multiplicité des livres primés, la Fnac, Carrefour et Leclerc cherchent à accentuer leur rôle de prescripteur.  » Et comment donc ? « En créant un prix littéraire à leur nom  ».

  Le Monde en « guérilla Picrocholienne ». La polémique en Italie et même la justice. Le Monde a mis en fureur le patron du quotidien italien Il Foglio, Giuliano Ferrara (pro-berlusconien) en publiant une tribune d’Antonio Tabbucchi à son encontre (« Fatwa à l’italienne », 9 octobre). Ferrara, mis en cause dans la tribune, reproche au Monde de ne pas lui donner de droit de réponse. D’autres détails dans « Guérilla entre ’’Le Monde’’ et ’’l’ Elefantino’’ » dans Les Echos du 16 octobre.

  Intermittents à StarAc’. Les intermittents bien ’’tabassés’’ par les vigiles de TF1 ont aussi fait mal... mais au portefeuille, si l’on en croit Etienne Mougeotte, n°2 de TF1, interrogé par Le Parisien, 20 octobre : « je peux vous dire (que le préjudice financier) est important. Certains écrans publicitaires n’ont pu être diffusés. Nous allons sans doute devoir offrir de nouveaux écrans aux annonceurs » (Newsletter CB News, du 21 octobre : « L’interruption samedi soir de l’émission de TF1 "Star Academy" par des intermittents du spectacle aurait entraîné un préjudice évalué par la chaîne à environ 2 M€ ». Modique somme pour « deux écrans publicitaires de coupure, respectivement de 4 et 6 minutes qui n’ont pu être diffusés »).

Lire également : Ici Paris contre les preneurs d’otage pour s’effrayer, et « la Star’Ac, c’est un symbole » en complément (L’Humanité, 22 octobre).

  Médiateur de France 2. Petit article éclairant sur le dur labeur de Jean-Claude Allanic qui compose face à « la faible propension des journalistes à verser dans l’autocritique  » et « provoque l’ire du présentateur du 20 heures (David Pujadas, ndr), d’une partie de la hiérarchie ainsi que du service société  » (L’Humanité, 18 octobre).

  Sans commentaires. « Pourquoi il faut être sexy pour présenter les infos » (VSD, 16 octobre).

III. LES JOURNALISMES

 Daniel Schneidermann. Avant de lui offrir une amicale critique de son livre, Philippe Tesson (Le Figaro Littéraire, 16 octobre) dresse un portrait enamouré de « notre confrère » Daniel Schneidermann qui assure la « police des mœurs journalistiques », avec « talent » , « intelligence » dans une « excellente émission de télévision ». Et il le fait avec « du tact (...) sans tomber dans les travers moralisateurs, censeurs ou délateurs auxquels expose le genre ». « Coquetterie du sort (sic) : (...) Daniel Schneidermann fait les frais du système dont il démonte le mécanisme ».
En comptant sur ses amis - grands pontes du journalisme et des médias qui le consolent et le choient - Schneidermann a pu toutefois se rassurer, car le « système » l’a vite et déjà récupéré (Libération, voir plus haut).

  Le Monde et la Corse. « Quand j’étais ministre, c’est Le Monde qui m’a viré » se vante Emile Zuccarelli dans VSD (23 octobre). Il lui reproche aussi « de s’être comporté en militant plus qu’en journaliste pour défendre les accord de Matignon ».

IV.LES RESSOURCES

 Sémiologie médiatique. Les mots employés par les médias sont importants. Cf. « Dangereuse impuissance » de la sémiologue Mariette Darrigand (Libération, 15 octobre).

 Patrimoine. Pour son centenaire, L’Humanité a remis la « quasi-totalité de ses archives » aux Archives départementales du 93, « au service de la recherche » (« Les archives de L’Humanité entre de bonnes mains », 20 octobre).

  Revue. Le Temps des médias une nouvelle revue d’histoire, bi-annuelle, disponible dans des librairies universitaires ou sur abonnement, publiée par la Société pour l’histoire des médias, aux Editions Nouveau Monde.
Elle entend "contribuer à promouvoir le champ neuf de l’histoire des médias et à élargir son public » et « éclairer les grands débats contemporains sur les médias » (Newsletter Cb News, 20 octobre).

 Etude de cas / féminins. « Bataille féroce dans la presse féminine. Un marché en renouvellement permanent » (Les Echos, 9 octobre).

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Emap qui après avoir acheté Excelsior s’apprête selon La Tribune (24 octobre) à y « supprimer 30 postes » et continue en ce sens à dégraisser, quand il ne supprime purement et simplement pas des magazines (cf. Vital).

[2La Tribune (24 octobre croit savoir qu’Emap serait intéressé.

A la une