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Juppé en procès ? L’Écho Républicain compatit

Cela s’intitule « L’épreuve de Juppé ». C’est signé Pierre Guibourg. Un article larmoyant et préventif, paru dans L’Echo Républicain (vénérable quotidien d’Eure-et-Loir), le 30 septembre 2003 au début du procès sur « les emplois fictifs » du RPR. Un modèle de journalisme compatissant.

Principal prévenu du procès des emplois fictifs de la Ville de Paris, Alain Juppé vit des moments difficiles. Lui, l’ancien Premier ministre, dont la probité personnelles paraît peu discutable [et le logement de luxe à tout petit prix à Paris : oublié ?], se retrouve à la barre des accusés, obligé de s’expliquer sur le financement occulte de son parti [en clair : comment peut-on avoir l’audace d’oser demander ainsi des explications à un notable ?].

Il conçoit cette épreuve comme une blessure [on compatit...]  : il a annoncé qu’il quitterait à jamais la vie publique s’il devait être condamné lourdement [pour notre petit journal local, ils serait donc scandaleux de briser la carrière d’un notable UMP en l’empêchant de détourner des fonds publics...].

Il est normal que les politiques soient traités en justiciables ordinaires [ouf ! on avait cru comprendre le contraire juste avant !]. La justice doit passer pour que la République en finisse avec certaines pratiques occultes [quand Mohamed vole, c’est un délit ; quand Juppé se sert dans les fonds publics, c’est juste une pratique "occulte"...].

Malgré tout [ah ? Est-ce qu’on se prépare à revenir à l’idée initiale qu’un notable doit bénéficier de l’impunité ?....], on peut regretter que le procès vienne si tard : la procédure aura duré plus de huit ans [en clair : si tard, c’est trop tard ! et c’est donc abusivement qu’on vient ennuyer le chef de l’UMP]. Comment vivre normalement pendant tout ce temps ? [Pauvre Alain ! Et pourquoi n’a-t-il pas pensé à confesser ses turpitudes pour se libérer de la torture lente que lui a infligé cette Justice sans coeur ?].

Ensuite, tous les grands partis ont eu recours, un jour ou l’autre, à ces expédients contestables [donc, pour notre éditorialiste beauceron, si tout le monde vole, le vol n’est plus un délit ! Beau sophisme !]. Et on voudrait être sûr qu’elles ont disparu [retour inattendu de la morale, mais, en tout cas, ce n’est pas Alain qui va nous le dire puisque lui est la victime silencieuse de la Justice].

En tant que chargé des finances de la Ville de Paris, Alain Juppé ne pouvait certes [Attention, tout tient dans la restriction apportée par ce "certes"] ignorer ce qui se passait dans ses services. Mais il serait injuste [ça y est ! on y est ! Alain est donc bien poursuivi injustement par la Justice ! Toute la Beauce doit le savoir !] qu’il paie au prix fort les coupables artifices [le détournement de fonds publics ne serait donc plus en Beauce qu’un simple "artifice" !!] d’un "système" [selon notre journaliste indépendant, il est gauchiste de penser que le petit délinquant de banlieue est victime du "système", alors qu’il est scientifique de penser que c’est le "système" qui détermine les agissements frauduleux de nos notables] mis en place bien avant lui.

L’Echo républicain, grand analyste des « systèmes », ne s’interroge jamais sur la mise en place du système de misère qui exclut et précarise dans nos cités au moment où il célèbre la répression de la délinquance par Sarkozy et Perben… mais répand quelques larmes d’encre sur les souffrances des notables.

 
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