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José Bové : Un procès passé sous silence

par Michel Ducrot,

Encore un procès concernant José Bové ! Mais celui-ci, qu’il devrait gagner sans problème, personne ou presque n’en a parlé.

Cette affaire de diffamation, plaidée le 30 janvier 2003 devant la 17ème chambre correctionnelle, avait pourtant un grand intérêt pédagogique pour des journalistes en mal de repères par rapport à leur propre liberté d’expression. Résumons l’affaire : José Bové était poursuivi par le SNIA (Syndicat national des importateurs d’alimentation pour bétail) pour avoir dénoncé la poursuite des importations pendant l’embargo des farines animales en provenance de Grande Bretagne.

À la surprise générale, Mme la procureur a plaidé dans le même sens que les avocats de José Bové et simplement rappelé la loi : "la diffamation concerne une personne ou un groupe de personnes précisément identifiées. Le SNIA, qui représente plus de 300 adhérents, ne peut prétendre agir au nom de chacun d’eux dans cette affaire. Enfin, le SNIA n’a pas été pris pour cible en tant que tel par M. Bové. Au contraire, M. Bové a désigné plusieurs sociétés nommément, qui elles n’ont pas porté plainte en diffamation".

M° François Roux, se réjouissant de ce rappel des textes, a toutefois plaidé sur le fond et démontré la bonne foi de José Bové. Ainsi, nous avons appris que le directeur général des Douanes, interrogé par son ministre, a déclaré qu’un grand nombre de tonnes de farines ont été importées pendant l’embargo. Plus fort encore, le rapport de la mission parlementaire d’enquête. Son rapporteur, l’actuel ministre de la santé Jean-François Mattéi, a dénoncé "un véritable réseau de blanchiment de farines". Pour M. Mattéi, "au fur et à mesure que nous n’importons plus du Royaume Uni, les importations explosent en provenance de Belgique, du Luxembourg ou d’Irlande. Plus 600, 700, 800 %. Ces chiffres sont stupéfiants. C’est à vous faire dresser les cheveux sur la tête".
Finalement, José Bové est allé moins loin que la mission parlementaire, et c’est lui qui était poursuivi.
Délibéré au 6 mars.

Silence presque total dans les médias. Pourquoi ?

 
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