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" Invité de la semaine ", dans L’Humanité (17-21 février 2003)

Invité par L’Huma : " Les petits soldats du journalisme " (20 fév. 2003)

par Henri Maler,

" Invité de la semaine ", par L’Humanité, en qualité d’ " universitaire et co-animateur d’Acrimed ", Henri Maler, du 17 au 21 février 2003, a proposé cinq brèves chroniques d’actualité qui s’inspirent d’articles souvent plus développés parus sur ce site.

Les journalismes - qu’ils faut mettre au pluriel, tant ils sont divers - sont de plus en plus soumis à la logique strictement financière qui s’empare non seulement des médias audiovisuels, mais également de la presse écrite : de son pôle ouvertement " commercial " à son pôle réputé " sérieux ". Avec notamment pour conséquences une augmentation vertigineuse du journalisme précaire et une formation sur mesure : une formation où, sous couvert d’apprentissage des techniques et de préparation à la vie professionnelle, c’est le savoir-faire indispensable à l’ajustement au journalisme de marché qui est inculqué. C’est ce que montre François Ruffin dans Les petits soldats du journalisme (édition des Arènes), au terme de l’enquête qu’il a menée au cours de sa scolarité au sein de l’une des plus prestigieuses écoles de journalisme : le Centre de Formation des Journalistes (CFJ).

Interrogé sur ce livre dans Marianne de cette semaine, Michel Sarazin, directeur du CFJ, justifie l’intervention systématique des futurs employeurs dans la formation des élèves, en posant aux élèves cette question iconoclaste : "Qu’est-ce qui est le plus politiquement correct ? Inviter Serge Halimi qu’ils connaissent par coeur à force de le lire dans le Monde Diplo ? Ou faire venir un dirigeant de TF1 ?"

Car, bien entendu, seul un dirigeant de TF1 qui, à la tête d’une maigre troupe de fantassins en guenilles, s’occupe, sur une chaîne subversive, de Journaux Télévisés confidentiels, présentés par des marginaux comme PPDA et Claire Chazal, peut déjouer le conformisme de tous ceux... qui ne seront pas invités aux CFJ. La " pensée de marché " a tellement gagné certains cerveaux qu’ils se croient persécutés !

C’est vrai : la seule critique que supportent les tenanciers des médias et ceux qui leur sont soumis est la critique indolore qui, pour se rendre acceptable, se borne à relever les fautes professionnelles les plus flagrantes et les " bavures " les plus voyantes. Sinon, gare à la foudre ou à la censure !

Pourtant, il ne viendrait à l’idée de personne (ou presque ...) de renoncer à critiquer la contribution du système scolaire à la reproduction des inégalités sociales, sous prétexte qu’il faudrait épargner les enseignants. Mais quand il s’agit de la contribution du système médiatique à la consécration des représentations dominantes, il faudrait abdiquer, pour ne pas indisposer nos majestés éditoriales et les journalistes qui, de gré ou de force, se sont résignés. Par chance, il existe encore des journalistes qui, parce qu’ils vivent douloureusement la contradiction entre les valeurs qu’ils défendent et les contraintes mercantiles qu’on leur impose, refusent de courber l’échine.


Les cinq chroniques :
1. Manifestations contre la guerre (17 fév. 2003),
2. Guerre sociale ? (18 fév. 2003),
3. A propos de L’Humanité (19 fév. 2003),
4. " Les petits soldats du journalisme " (20 fév. 2003),
5. La face cachée du Monde, prologue (21 fév. 2003).

 
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