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" Invité de la semaine ", dans L’Humanité (17-21 février 2003)

Invité par L’Huma : A propos de L’Humanité (19 fév. 2003)

par Henri Maler,

" Invité de la semaine ", par L’Humanité, en qualité d’ " universitaire et co-animateur d’Acrimed ", Henri Maler, du 17 au 21 février 2003, a proposé cinq brèves chroniques d’actualité qui s’inspirent d’articles souvent plus développés parus sur ce site.

Peut-il exister une presse alternative à la presse dominante ? Un quotidien où les questions sociales tiendraient plus de place que les pages financières, où les espoirs et les combats collectifs remplaceraient les suppléments consuméristes, où le quotidien ne serait pas réservé à l’écume des faits divers et l’avenir promis aux " gagnants " ? Un grand quotidien populaire et contestataire ?

On me dira peut-être qu’il existe déjà et que j’en suis l’invité.

C’est vrai : L’Humanité tient partiellement cette place. C’est le seul quotidien national où le point de vue des salariés, des sans droits et des sans voix ne soit pas soumis à l’expertise préalable de leurs adversaires. Sans démagogie, comme on pouvait s’en convaincre en lisant dans L’Huma d’hier la double page consacrée au " couple " Emploi-retraite : de quoi discuter au moment où les médias officiels exhibent les courbes démographiques et relèguent les courbes du chômage et de l’emploi précaire dans une autre rubrique.

Et l’on pourrait, bien sûr, multiplier les exemples qui montrent que L’Humanité pourrait être le quotidien des alternatives.

Encore faudrait-il pour cela - et sur ce sujet je m’exprime ici à titre strictement personnel - qu’il parvienne à vaincre le scepticisme de ceux qui pensent qu’il est déjà trop tard (" trop marqué par les pages les moins avenantes de son histoire ", " plombé par l’affaiblissement du Parti Communiste et le vieillissement de son lectorat ", "déjà livré à Lagardère "). Et pour vaincre ce scepticisme, il est urgent de choisir.

L’Humanité n’est plus le quotidien officiel du Parti Communiste Français : il ne se borne pas transmettre son orientation. Mais L’Humanité est encore le quotidien du Parti Communiste français. L’Humanité donne largement la parole aux acteurs les plus divers du mouvement syndical et du mouvement associatif et plus généralement de la contestation anticapitaliste. Mais L’Humanité reste, à ses propres yeux comme à ceux de ses lecteurs potentiels, le quotidien réservé à un parti politique déterminé.

Ce n’est pas tout à fait quitter le terrain de la critique des médias que de se demander si l’avenir de L’Humanité - quotidien que l’on sait en danger - ne dépend pas de sa capacité à dénouer franchement cette ambiguïté. Mais là, c’est manifestement affaire d’option politique.

Sinon nous n’aurons bientôt plus le choix - ou à peu près - qu’entre Le Figaro et Le Monde. Le Figaro qui - pour revenir à " l’actualité internationale " - expliquait la veille de la manifestation du 15 février qu’elle ferait le jeu de Saddam Hussein et Le Monde qui, le lendemain, découvrait qu’elle avait eu pour but de soutenir Jacques Chirac. J’exagère ? Voici ce qu’écrivait Ivan Ruffiol, le 14 février : " Manifester, demain, contre la possible guerre en Irak ? C’est aussi secourir un dictateur. " Et voici ce que Le Monde décrétait : " Ce sont (...) surtout des manifestants de gauche qui, comme avant le second tour de la présidentielle, ont défilé pour soutenir Jacques Chirac ".

Hors du choix entre le vrai quotidien de la vraie droite et le faux quotidien de la fausse gauche, point de salut ?


Les cinq chroniques :
1. Manifestations contre la guerre (17 fév. 2003),
2. Guerre sociale ? (18 fév. 2003),
3. A propos de L’Humanité (19 fév. 2003),
4. " Les petits soldats du journalisme " (20 fév. 2003),
5. La face cachée du Monde, prologue (21 fév. 2003).

 
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