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Françafrique : les médias complices ? (1)

« Françafrique : les médias complices ? » Sous ce titre, Acrimed a organisé, le 18 Janvier 2001, dans le cadre de ses "Jeudis" quasi-mensuels, un débat avec François-Xavier Verschave, président de l’association Survie et auteur du livre Noir Silence (éditions Les Arènes, 2000), poursuivi par trois présidents africains, Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou Nguesso (défendus par Me Jacques Vergès), qui ont déposé plainte pour "offense à Chef d’Etat étranger. En forme d’introduction au débat, le récit d’une chronique politico-judiciaire.

Episodiquement, la chronique judiciaire et politique se fait l’écho des méfaits des " françafricains " : Michel Roussin, Jean-Christophe " Papamadit " Mitterrand, Barril, Vergès, etc., tous dans la descendance barbouzarde du défunt Jacques Foccart. Mais, au fond, que savons-nous de cette politique et de ces agissements qui depuis quarante ans régissent avec une remarquable continuité, par-delà les alternances ici et là-bas, les relations entre la France et ses anciennes colonies africaines ?

Pourtant, quelques ouvrages récents dévoilent largement le sujet.

 1998. La Françafrique de François-Xavier Verschave, président de l’association Survie (éd. Stock). Sous-titre évocateur : "le plus long scandale de la république". 35 années de relations franco-africaines tumultueuses passées en revue, depuis les indépendances. Un livre qui s’est bien vendu mais qui a été peu commenté.

 Avril 2000. Noir silence du même François-Xavier Verschave (éd. Les Arènes). 600 pages consacrées aux relations incestueuses entre la France et l’Afrique au cours de la dernière décennie. Encore un bon succès de librairie.

Ca ne vous dit rien ? C’est bien le problème ! Dans la " grande " presse, seuls en ont parlé Les Inrockuptibles, Témoignage chrétien, Politis, Charlie Hebdo… Des publications réservées à des lecteurs qui " veulent savoir ", dont les contenus ne cherchent pas à coller aux sujets du 20 heures, ni aux unes du Monde, du Figaro ou de Libération… Si l’on se contente de lire la " grande " presse française pour se tenir informé sur l’Afrique et ses relations avec la France, ce qui semble légitime, il est impossible de s’y retrouver. De même qu’il était impossible, au printemps 1994, de comprendre la réalité du génocide au Rwanda si on ne lisait que la " grande " presse.

Le 31 mars 2000, la Cour d’Appel de Paris déboutait Jean-Marie Colombani, directeur du Monde, et Jacques Isnard, spécialiste du même journal pour les questions de défense, de leur assignation pour diffamation contre Jean-Paul Gouteux et son livre Un Génocide secret d’État. La France et le Rwanda 1990-1997 (Editions Sociales, 1998). Ce chercheur y mettait en cause la façon dont Le Monde et, singulièrement, Jean-Marie Colombani et Jacques Isnard ont rendu compte du génocide perpétré au Rwanda, au moment où celui-ci avait lieu. Poursuivant son enquête, Jean-Paul Gouteux a fait paraître en octobre 1999 un nouveau livre, entièrement consacré au " quotidien de référence " : Le Monde, un contre-pouvoir ? Désinformation et manipulation sur le génocide rwandais (L’Esprit frappeur, 1999). Le lecteur découvre comment Le Monde a accrédité la version présentée par les services de renseignement français et présenté les Tutsis comme aussi dangereux, si ce n’est plus, que les génocidaires (Pour en savoir plus)

Après la parution de Noir silence, trois présidents africains, Omar Bongo, Idriss Déby et Denis Sassou Nguesso (défendus par Me Jacques Vergès), ont déposé plainte pour "offense à Chef d’Etat étranger" contre François-Xavier Verschave, et son éditeur. L’affaire sera jugée devant la 17e chambre correctionnelle du TGI de Paris, les 28 février et 5 et 7 mars prochains. Le délit d’offense est le prolongement de l’ancien crime de lèse-majesté. Encore une fois, la " grande " presse est pourtant curieusement silencieuse.

Le 18 janvier 2001, débat avec François-Xavier Verschave, président de l’association Survie et auteur du livre Noir Silence (éditions Les Arènes, 2000), sur le rôle très ambigu que jouent les grands médias (essentiellement la télévision et les grands quotidiens) pour maintenir la chape de plomb sur les inombrables dossiers noirs de la Françafrique qui, s’ils étaient clairement dénoncés, feraient du tort à beaucoup de personnages importants, et de tous bords…

 
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