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Contre-réformes et mobilisations de 2003

En bref : en lisant Ouest-France

par Hervé Le Crosnier,

Dans le courrier d’Acrimed, le 28 mai 2003…

Bonjour,

Chaque matin, à l’heure du café, je descends chercher l’Ouest dans ma boîte aux lettres...

Chaque matin je bouille, je transpire, je me dis qu’il faudrait un "ombdusman", quelqu’un qui simplement remet les pendules à l’heure.

Pas tant dans le traitement de l’actualité locale... après tout, à chaque fois que je lis un compte-rendu d’une activité à laquelle j’ai participé je suis globalement d’accord avec le journaliste (ou plus souvent le (la) pigiste, eh oui, il y a aussi de l’emploi précaire dans le secteur intellectuel). Bien évidemment je peste sur la hiérarchisation des thèmes, sur les choix de couvrir ou de faire silence... mais bon.

Non, ce qui provoque des bulles dans mon sang c’est plutôt la façon dont des choix politiques sont présentés comme des évidences. C’est cela, la véritable idéologie : rendre naturel ce qui est largement le produit de choix politiques, culturels....

Ce matin encore, ce titre en une : "Raffarin prêt à discuter mais sans rien lâcher"

Attendez, à quoi ça sert une "discussion" avec des "partenaires sociaux" si on décide d’avance de "ne rien lâcher" ?

Jean-Yves Boulic (lui, il fait toujours monter ma tension, à moins que se soit le café ? ), dans son éditorial, décrypte : "C’est devenu si rare, qu’aujourd’hui, quand un gouvernement affiche détermination et fermeté, on le taxe d’arrogance. Pour faire face à la faillite programmée des retraites, il n’y a que des solutions désagréables"

L’idéologie consiste à répéter "faillite programmée" quand il existe plein d’autres solutions à une faillite qui n’est certainement pas aussi catastrophique. Rappelons qu’à court terme le régime des retraites est encore positif, ce qui laisse le temps de discuter... du moins tant qu’on est dans la logique des retraites par répartition, c’est-à-dire quand les actifs d’aujourd’hui payent les retraites d’aujourd’hui.

L’idéologie, c’est aussi de dire que les solutions sont "désagréables"... la question est "pour qui ?" Par exemple, l’argent qui a été donné en cadeau l’an passé aux riches en baissant l’impôt dans les tranches supérieures est-il supérieur à celui qui est nécessaire pour garder une retraite à taux plein à 60 ans... Une question qui dérange ? Une question pratique pourtant.

En politique, dans l’histoire, enfin, dans toutes ces "sciences" qui traitent du fait que les humains vivent ensemble, et que tant qu’ils vivent il y a des solutions qui émergent... rien n’est "obligatoire", on ne peut jamais dire "il n’y a pas d’alternative". Car c’est justement la capacité à trouver des alternatives qui donne tout son sens à la Politique....

Hervé Le Crosnier

PS : je voulais aussi parler d’un autre article dans le même numéro de Ouest-France, mais ce serait trop long... alors je vous livre juste la phrase. A vous de mettre des ressorts sur votre chaise.

C’est l’interview du directeur de la Croix-Rouge qui justifie la fermeture du centre de soin de la Guérinière et de la Grâce de Dieu : "Cette fermeture est regrettable, c’est sûr, surtout pour les habitants les plus défavorisés. Mais on allait à la catastrophe financière".

Bref, une "catastrophe prévisible" à laquelle la seule solution est de "faire payer les plus défavorisés"... Croix-Rouge ou Raffarin ?

Croix-Rouge !!!!

 
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