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Dominique Wolton et la Chaîne Internationale d’Information

Le projet de Chaîne Internationale d’Information tel qu’il prend forme ne peut susciter qu’une ferme opposition, à l’instar de celles qu’ont manifesté les syndicats de l’audiovisuel (Lire ici-même Sur la chaîne d’information internationale (communiqué intersyndical) ) et l’Observatoire français des médias ( Lire le communiqué publié sur son site [lien périmé, août 2013])

La position de Dominique Wolton est - comment dire ? - plus « nuancée ». Comme en témoignent ces extraits de son intervention lors de l’émission « Accès direct » du 13 janvier 2004 (table ronde organisée par la Chaîne de l’Assemblée Nationale) sur la création de la chaîne d’information continue (CII), après le débat parlementaire de l’Assemblée Nationale de la matinée du même jour [1].

- Question : « Dominique Wolton qu’est-ce que vous en pensez de ce projet tel qu’il est envisagé aujourd’hui, c’est-à-dire 50/50 entre TF1 et France Télévisions ? Et un téléspectateur [pour la petite histoire, membre d’Acrimed, ndlr] pose la question d’un deal politique entre le président et TF1. »

- Dominique Wolton  : « C’est un mauvais coup. Il faut tout de même redire, je suis chercheur depuis longtemps, pas parlementaire, c’était un bon travail qui avait été fait par la commission parlementaire [présidée par François Rochebloine, député UDF de la Loire, ndlr]. On le casse pour un projet qui évidemment apparaît comme politique, parce que, en soi faire travailler ensemble public et privé pour une chaîne d’information mondiale, ce n’est pas idiot, mais à condition tout de même qu’on réserve un certain nombre de questions qui ont été rappelées : la chaîne n’est pas visible en France, tout le monde pense que c’est pour préserver LCI, la chaîne de TF1 ; on pense qu’il y a un deal politique...

Il n’y a pas polémique sur le fait qu’il y ait une chaîne d’information ; c’est normal que les points de vue soient différents. Il y a polémique sur le fait qu’il y avait un travail qui était en train aboutir et d’un seul coup la copie est passée à la trappe et on a fait sortir une autre copie. Le problème, c’est 1/Pourquoi on n’a pas tenu compte du travail parlementaire ? 2/ Si on sort une maquette public/privé, pourquoi pas ? Mais il faut que le CSA puisse intervenir, que les Français puissent la regarder en France et que l’on tienne compte d’autres partenaires qui font de l’info internationale depuis longtemps : l’AFP, RFI, (pris en compte par le projet précédent), TV5 et Euronews, chaîne d’infos européennes (chaînes très importantes en matière d’infos internationales).

La maquette est intermédiaire entre les deux et l’on a le sentiment que c’est un coup politique, qui, classiquement en audiovisuel depuis 50 ans, peut avoir un effet boomerang. Si elle sort au forceps comme cela, elle laissera des traces pour tout le monde. Il faut donc corriger un peu la copie, de façon que les uns et les autres acceptent une maquette viable qui coûtera plus cher que 70 millions d’euros. L’enjeu n’est pas principalement financier : on a le droit de faire une chaîne d’information, ce n’est pas une CNN, c’est une chaîne de langue française (...). Mais la première chose à faire c’est éviter dans cette affaire-là, d’avoir le sentiment que l’exécutif impose son point de vue sans tenir compte du travail parlementaire. »

- Question : « L’exécutif, c’est surtout le point de vue du Président de la République. »

- Dominique Wolton  : « Oui, c’est normal, il a le droit de vouloir une maquette ; c’est tout à fait normal, cela fait 2 ans qu’il a demandé une maquette. Il a même le droit de demander que l’on fasse un montage intelligent mixte public/privé. Pourquoi pas ? Mais après, il faut tenir compte des points de vue des uns et des autres. On ne peut pas passer en force, car après, ça fait de l’idéologie, de la politique et il faut 5 ou 6 ans pour en sortir, en gros cela fait un procès en sorcellerie. »

C’est ce que l’on peut appeler - pour « corriger un peu sa copie » - un exemple de confuse fermeté.

Sans doute est-ce la raison pour laquelle Dominique Wolton a voté pour le projet lors du Conseil d’Administration de France Télévisions, alors que l’on ne peut être que contre.

 
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Notes

[1Les passage soulignés le sont par nous

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