Accueil > (...) > Actes et actions

Directive « Télévisions sans frontières » : Appel aux élus européens

Nous publions ci-dessous un appel aux élus européens contre la directive « Télévision sans frontières » .

Il est précédé d’une présentation, publiée sous forme de « tribune » [1]), de l’association belge « Respire » [2] qui a pris l’initiative de cet appel auquel Acrimed s’associe : Non à l’envahissement publicitaire - Non à la libéralisation publicitaire de l’audiovisuel européen. (Acrimed)

Appel aux élus européens

Call to the members of the European Parliament (sur le site de Respire asbl]

Tribune :
La nocivité de la publicité commerciale (Respire asbl)

Le budget publicitaire mondial annuel atteint plusieurs centaines de milliards de dollars - de 230 milliards selon le Ad Barometer à 1.000 milliards selon Patrick Viveret (Cour des comptes, France) - un montant qui le rapproche de celui de l’armement.

Ces sommes colossales témoignent du pouvoir d’influence majeur de cette industrie de la propagande commerciale. On considère que dans les pays développés, un adulte est confronté en moyenne à 2.500 messages commerciaux par jour (Le Monde diplomatique, 2001) sans qu’il ne puisse y répondre et sans que son autorisation n’ait été sollicitée.

Ce matraquage publicitaire a des effets directs et forts sur l’environnement (surconsommation des ressources naturelles et pollution) et sur la santé publique (l’OMS souligne le lien direct entre les pratiques marketing de l’industrie agroalimentaire et l’« épidémie » d’obésité qui touche le monde entier).

Les problèmes écologiques et de santé publique ne pourront pas trouver de solution tant que la population sera soumise des milliers de fois par jour à des messages déployant des techniques de manipulation efficaces, les incitant à surconsommer (rappelons que si tout le monde consommait comme nous le faisons en Europe, il nous faudrait trois planètes).

Publicité commerciale à la télévision

La publicité commerciale télévisuelle est particulièrement efficace : elle combine l’image animée au son et touche un public très large. Les Européens regardent en moyenne la télévision 227 minutes par jour (« Television 2006 : International Key Facts », agence IP).

La directive européenne dite « Télévisions sans frontières », qui constitue la base du cadre réglementaire du secteur audiovisuel européen, est en cours de renégociation.

Un projet de nouvelle directive sera discuté au Parlement européen lors de sa séance plénière du 12 décembre 2006. Ce projet prévoit une dérégulation massive en matière de publicité commerciale.

Ainsi peut-on lire sur le site de la Commission européenne :

« Mon but [celui de Mme V. Reding, Commissaire en charge] est de voir prospérer l’industrie européenne du contenu audiovisuel dans un cadre réglementaire parmi les plus modernes et les plus souples du monde... [...]. Les règles existantes, qui sont dépassées par l’évolution technique et commerciale, doivent être supprimées pour permettre de faire un pas décisif vers des médias audiovisuels sans frontières dans le marché unique européen”. [...]. Pour les émissions régulières, la Commission propose d’éliminer les tracasseries administratives, d’assouplir les règles en vigueur pour permettre de nouvelles formes de publicité, et d’encourager l’autorégulation et la corégulation. La directive modernisée ne régira pas en détail la fréquence et les conditions de l’interruption des programmes par la publicité, mais elle simplifiera les règles communautaires existantes. »

Si cette dérégulation devait être votée, les téléspectateurs de toute l’Europe seraient soumis à davantage de publicité commerciale, diffusée sous des formats toujours plus intrusifs et efficaces (placement de produit, publicité virtuelle, écran partagé, publicité interactive, télé-achat). Les grandes questions d’environnement, de santé publique et de contenu médiatique, seraient écrasées sous une déferlante commerciale rendue encore plus puissante.

Faisons connaître notre opinion au Parlement européen et soulignons le danger que représente aujourd’hui la publicité commerciale !

Nous vous proposons de diffuser l’appel ci-joint, de le signer et de le transmettre aux députés européens jusqu’au 12 décembre. (Respire asbl)

Acrimed s’associe à cet appel.


Appel aux élus européens.
Révision de la directive européenne « Télévisions sans frontières » :

Non à l’envahissement publicitaire -
Non à la libéralisation publicitaire de l’audiovisuel européen


Le projet de directive européenne dite « Télévisions sans frontières  » , qui fournit le cadre réglementaire de l’audiovisuel dans l’Union, prévoit un assouplissement considérable des règles encadrant les pratiques publicitaires. Cette évolution nous paraît très préjudiciable pour différents motifs qui nous rassemblent autour de cet appel aux élus européens.

La publicité commerciale, système d’influence nocif.

En promouvant de façon partisane et unilatérale les intérêts commerciaux de grandes entreprises, sans que l’avis des personnes confrontées des milliers de fois par jour à ces messages ne soit jamais sollicité, ni que ces personnes puissent y répondre, la publicité commerciale impose à tous une logique marchande de compétition, une logique d’avoir pour être, incompatible avec les principes de liberté individuelle et de solidarité au fondement de l’Union Européenne.

Les techniques d’influence mises en œuvre par la publicité commerciale ont un impact fort et nocif sur les personnes et des conséquences lourdes sur leur santé, sur la société et sur l’environnement.

Nous soulignons notamment que la publicité commerciale a une lourde part de responsabilité dans :
- l’épidémie d’obésité et de diabète qui frappe l’Europe et le monde,
- la désinformation des citoyens sur leurs gestes d’achats, base de l’économie, et l’effritement du sens critique,
- l’aggravation de la surconsommation des ressources naturelles et l’accélération des pollutions qui nous nous exposent à des désastres écologiques d’une ampleur inédite, aux conséquences potentiellement gravissimes.

La publicité commerciale, système de financement nocif.

Ce n’est pas un hasard que la dérégulation proposée dans la directive « Télévisions sans frontières » soit opérée dans le champ de l’audiovisuel. C’est en effet l’un des lieux historiques de sa prolifération, avec la presse. La publicité commerciale s’y développe en s’instituant comme système de financement facile : espace-temps contre rémunération. Ce faisant, les annonceurs (les entreprises clientes) et leurs agences (publicitaires) acquièrent un pouvoir croissant sur les radiodiffuseurs et les contenus que ceux-ci proposent - renforçant par là leur pouvoir d’influence.

Les radio-télévisions publiques qui ont ouvert leurs portes à la publicité commerciale se trouvent de moins en moins à même de remplir leurs missions de service public au fur et à mesure que croit dans leurs programmes la présence de messages commerciaux, servant des intérêts privés.

Nous dénonçons l’influence nocive de la publicité commerciale sur :

 l’autonomie éditoriale et financière des services publics d’audiovisuel,
 la diversité et la qualité des contenus,
 le maintien de la diversité culturelle dans les discours médiatiques.

Par conséquent, nous demandons aux élus européens :

1) de refuser le développement de la publicité commerciale dans l’audiovisuel européen en n’autorisant aucun assouplissement des règles actuellement en vigueur et d’en diminuer fortement la présence ;

2) que le projet de directive « Télévisions sans frontières  » reprenne la distinction claire entre radiodiffuseurs publics et privés établie par le « Protocole sur le système de radiodiffusion publique dans les Etats membres » (protocole d’Amsterdam, 1997) et par la « résolution du Conseil et des représentants des gouvernements des États membres concernant le service public de radiodiffusion » (1999) ;

Pour compenser les pertes économiques relatives que la diminution des recettes publicitaires ferait peser sur les services publics de l’audiovisuel, nous demandons que soit créé un fonds européen de l’audiovisuel, alimenté par une taxe de type pollueur/payeur prélevée sur toute publicité commerciale audiovisuelle. Ce fonds pourrait notamment permettre :
- d’accompagner financièrement la sortie des radio-télédiffuseurs publics de la publicité commerciale ;
- de promouvoir et d’assister financièrement la création audiovisuelle en Europe ;
- de promouvoir et d’assister financièrement la création de programmes publics d’éducation aux médias.
Le projet de directive européenne « Télévision sans frontières » tel qu’il existe dans sa version approuvée par le Conseil des ministres européens est notamment le résultat d’un intense lobbying de l’industrie publicitaire et des annonceurs sur les autorités publiques de l’Union Européenne. Ces industries ne sont pas représentatives de l’intérêt public et des citoyens.

Non à l’envahissement publicitaire -
Non à la libéralisation publicitaire de l’audiovisuel européen

- Nom :
- Prénom :
- Ville :
- Pays :
- Contact :

Comment faire ?
Téléchargez l’appel ci-joint, indiquez-y votre nom et les données personnelles que vous voulez communiquer, enregistrez le document sur votre ordinateur et adresse le aux députés de votre choix. La liste des Députés est accessible ici, (les adresses e-mails sont renseignées pour chaque Député).

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Les articles publiés sous forme de « tribune » n’engagent pas collectivement l’association Acrimed, mais seulement leurs auteurs.

[2« Respire » est une association belge prônant une consommation raisonnable et responsable et œuvrant pour libérer l’espace public de la publicité commerciale.

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.