Un très mauvais signal
En déclarant qu’il n’y aura pas d’augmentation de budget de France télévisions pendant cinq ans l’État annonce la couleur juste avant la renégociation du contrat d’objectifs et de moyens 2011/2015.
En clair il remet en cause toute possibilité d’équilibrer les comptes de France Télévisions. L’État se comporte aussi en très mauvais actionnaire en décidant de ne pas financer les développements de France télévisions alors que le paysage audiovisuel connaît un chamboulement majeur avec le basculement dans le tout numérique.
Problème législatif de fond
Le siphonnage annoncé des excédents publicitaires est la cerise sur le gâteau. Elle vient compléter la décision du Parlement de supprimer totalement la publicité en janvier 2016... Au total, ce sont plus de 150 millions par an qui vont manquer avant le saut dans le vide de 2016, quand plus de 400 millions d’euros supplémentaires vont disparaître... Un milliard d’euros cumulés !
Tout cela pose un problème législatif de fond car en agissant de la sorte, l’État met l’entreprise dans l’incapacité de répondre aux missions fixées par la loi : les programmes régionaux, la TNT Outre-mer, le global média... Le gouvernement actionnaire serait-il au dessus des lois ?
France Télévisions n’aurait plus d’autre stratégie que de réduire ses coûts, d’ajuster la voilure à l’absence de moyens. Un service public sans visibilité, sans capacité à construire, à lancer des projets, à assurer ses développements d’avenir avec pour seule perspective de réduire le périmètre en préparant un plan social ...
À qui profite le crime ?
Cette mise à mal est-elle gratuite ? Bien sûr que non. Mais elle n’est pas que le fruit de la volonté malveillante du grand marionnettiste élyséen. Elle s’inscrit dans la RGPP (révision générale des politiques publiques) qui vise à raboter de façon drastique les budgets publics dans tous les secteurs d’activité. Éducation, santé, culture, transports...
Mais elle vise aussi à transférer les 400 millions d’euros par an de ressources publicitaires de France Télévisions, pour permettre d’augmenter les profits des chaînes privées, adossées à de grands groupes de communication dont la proximité avec le pouvoir politique est bien connue.
La CGT de France Télévisions, premier syndicat de l’entreprise, ne laissera pas faire ce torpillage annoncé. Elle s’indigne de cette annonce du ministre du budget. Elle demande une progression des ressources publiques telle qu’elle avait été actée dans le précédent COM, le maintien de la publicité en journée, l’élargissement du domaine commercial, la révision de la détention des droits, le recours prioritaire aux moyens internes pour assurer nos approvisionnements en programmes.
Paris, le 2 février 2011