Accueil > Critiques > (...) > La chaîne d’information internationale : France 24

Audiovisuel extérieur : Vous aviez dit changement ? (SNJ-CGT, SNRT-CGT)

Nous publions ci-dessous un tract du SNJ-CGT et du SNRT-CFT sur la fusion au sein de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF) de Radio France International (RFI), France 24 (F24) et Monte Carlo Doualiy (MCD) [1]. Sur ce sujet, lire ici-même notre rubrique consacrée à RFI (et en particulier la lettre ouverte de l’intersyndicale de RFI aux ministères de tutelle de juillet 2012 , ainsi que « L’AEF (Audiovisuel Extérieur de la France) : un scandale de la République », publié en décembre 2011. (Acrimed)

Vous aviez dit changement ?

La fusion de RFI, MCD et F24 au sein de l’AEF, voulue et planifiée par Nicolas Sarkozy et sa majorité est, à ce jour, non seulement maintenue mais entérinée. La désinscription de la marque RFI du registre du commerce et le transfert de tout son patrimoine au seul bénéfice de l’AEF sont confortés. Comme s’il n’y avait eu ni 6 mai, ni 18 juin 2012.

Comme MCD, RFI aura quitté en février 2013 la Maison de la Radio, bâtiment public édifié pour abriter les médias audiovisuels de service public, et sera très incommodément logée dans un immeuble d’Issy-les-Moulineaux, trop petit et conçu pour un tout autre usage mais désigné par Nicolas Sarkozy et sa majorité pour concrétiser la fusion. Comme s’il n’y avait eu ni 6 mai, ni 18 juin 2012.

Contre toute attente, RFI n’a vu partir aucun des principaux responsables de sa fragilisation extrême. Ils ont pourtant à leur actif, au nom de la fusion-destruction de RFI qu’ils ont choisi de réaliser, deux plans sociaux menés en trois ans (soit près de 300 salariés en moins à RFI, dont la moitié de journalistes). Ces proches collaborateurs et collaboratrices de l’ancien PDG, Alain de Pouzilhac, sont, à ce jour, soit maintenus dans leurs fonctions, soit très honorablement recasés. Donnant ainsi à comprendre que leur politique n’est nullement sanctionnée. Comme s’il n’y avait eu ni 6 mai, ni 18 juin 2012.

Le bilan est sombre et l’avenir très incertain

 La somme exorbitante de 40 millions d’euros publics aura été engloutie dans le déménagement insensé de RFI et MCD. Selon la direction, de ces 40 millions, 8 millions auront été consacrés au paiement de doubles loyers, 18 millions en aménagements, 8 millions de coûts techniques (dont nouveaux équipements), 4 millions en moquettes, faux plafonds et cloisons, 2 millions en pertes de matériel (mobilier) qui reste à la Maison de la Radio. Une coquette somme financée en partie par l’État (24,3 millions d’euros), 16 millions étant à la charge de notre société, ce qui pourrait nous amener à nous demander si l’AEF est un groupe de médias ou un projet immobilier...

 Comme le précédent, le nouveau gouvernement se satisfait de l’inadmissible : verser un loyer annuel de 6,2 millions d’euros à un bailleur privé (l’assureur allemand Allianz), pour un immeuble de 14 500 m2, trop petit et inadapté à RFI, plutôt que d’encaisser le loyer de la seule radio internationale de service public par le biais d’une autre entité publique : la Maison de la Radio.

 La fusion-destruction menace toujours RFI. La séparation des rédactions F24 et RFI ne tient qu’à un fil très conjoncturel : la feuille de route des dirigeants de l’AEF.

 Rien ne laisse présager pour l’instant qu’il y ait une volonté d’harmoniser par le haut les droits des salariés du groupe AEF. Maintenue et défendue mordicus par les tutelles, la fusion juridique des sociétés de l’AEF devient brusquement moins évidente lorsqu’il s’agit notamment d’évoquer les disparités salariales au sein du groupe.

 En dépit « des efforts des personnels en cette année difficile qu’a été 2012 », comme le reconnaît Marie-Christine Saragosse elle-même, la direction rejette toute augmentation générale et pérenne des salaires, seule une prime d’un montant non précisé étant d’actualité.

Les personnels ne sont pas responsables des choix qui ont été faits dans le passé. Ceux qui aujourd’hui les mettent en œuvre, le sont.

Au vu des errements qui ont conduit à cette situation, le contexte de crise et l’argument budgétaire ne peuvent justifier l’économie d’un vrai projet éditorial, de conditions de travail dignes et de la reconnaissance des professionnels qui contribuent au maintien et au développement de RFI, MCD et France 24.

Pour tout cela, restons mobilisés en 2013 !

Paris, le 18 décembre 2012

 
Acrimed est une association qui tient à son indépendance. Nous ne recourons ni à la publicité ni aux subventions. Vous pouvez nous soutenir en faisant un don ou en adhérant à l’association.

Notes

[1Anciennement RMC Moyen-Orient ou RMC-MO : station de radio publique française arabophone à destination du Proche et Moyen-Orient, du Golfe et du Maghreb.

A la une

Nathalie Saint-Cricq dans Libération : une « pointure » et beaucoup de cirage

« Nathalie Saint-Cricq vote », et Libération vote Saint-Cricq.