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Lu dans Libération

Au Monde, feu sur les dissidents !

par Patrick Lemaire,

Le 31 mars, environ 200 journalistes du Monde se réunissaient pour un deuxième comité de rédaction depuis la parution du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen La Face cachée du Monde. L’événement, selon Libération (1er avril 2003) (concurrent direct du Monde) est que " les langues du Monde se délient " (titre de l’article). A en croire ce compte rendu, ce franc-parler s’exerce d’abord à l’encontre des rares individualités qui ont émis des réserves quant à la risposte de la direction et aux (non) réponses du journal au livre de Péan et Cohen : Plantu (« Mais putain de bordel de merde, Plantu, je ne te comprends pas ! »), Schneidermann (Colombani l’accuse " d’avoir « franchi la ligne jaune » "), et même le médiateur (il serait " « sorti de son rôle (sic) quand il a préconisé, dans une de ses chroniques, un autre journalisme » ") [1].

Plantu " se plaint de ne pas avoir été convié, à la mi-mars, à une réunion des éditorialistes du journal où il a été question du livre de Péan et Cohen et de ses conséquences. Affirme qu’il est venu parler « au nom de ceux qui n’ont pas osé prendre la parole jusqu’ici »  [2]. Précise, puisqu’on le traite de « salarié de Dassault », qu’il n’entend pas choisir entre Le Monde et L’Express (propriété de la Socpresse, dont Dassault détient 30 %). "

Feu sur les " moutons noirs " ! Mais toujours aucune réponse de la direction du Monde aux graves accusations étayées par Péan et Cohen. Si Michel Noblecourt, président de la Société des rédacteurs, a précisé en introduisant le " débat ", que ce « comité de rédaction » " a été organisé pour « aller plus loin » dans la discussion qui s’est engagée après la publication du livre " [...]. " Le livre est à peine évoqué au cours des quatre heures trente de réunion ", constate Libération...

Libé relève cependant qu’à la différence du comité de rédaction du 26 février (la plupart de l’auditoire n’avait alors pas eu le temps de lire le livre), " cette fois, le ton est nettement moins solennel [...] Les interventions fusent. Les altercations aussi. [...] La « base » veut s’exprimer. Et elle le fait. Critique la Société des rédacteurs du Monde (SRM), accusée de suivisme, de « béni-oui-ouisme » face à la direction. Elle s’en prend aussi à Colombani et à Plenel. A cause « du malaise qui continue » et de « l’absence de défense audible ». Quelqu’un prononce le mot « crise ».

Il est 19 heures passées quand Edwy Plenel prend la parole. Et rejette formellement les mots « crise » ou « malaise ». « On est riches de nos diversités, mais aussi de nos solidarités », affirme-t-il. Pendant cinquante minutes, il plaide. Il se présente comme le « bouclier » d’une rédaction attaquée de façon collective. [...] Commentaire d’un participant : « Il n’a vraiment retenu aucune leçon de ce qui s’est passé. Son seul mea-culpa a porté sur ses colères. » "

Mais le directeur de la rédaction du Monde " n’exclut rien : « Si des gens pensent que je dois être démis, il faut qu’ils le disent. » "

Au Monde, cette réunion du 31 mars doit sans doute être " datée 1er avril " !

Lire tout l’article de Libération.

 
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