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Appel du mouvement social vénézuélien au monde entier

« Si le Venezuela bouge et bouillonne aujourd’hui, c’est d’une parole citoyenne critique, multiple, contradictoire. Les exclus de la mondialisation prennent enfin la parole. »

Défendre le printemps vénézuélien

Pour le droit des citoyens à l’ information

Nous mouvements sociaux vénézuéliens, ATTAC Venezuela, Association Nationale des Medias Communautaires, Alternatifs et Libres, Réseau Vénézuélien des Médias Communautaires, Coordination paysanne Ezequiel Zamora, adressons un appel urgent aux citoyens du monde entier.

Une fois de plus la Maison Blanche ne cache pas son désir de voir un président, un gouvernement et un parlement démocratiquement élus interrompre leurs mandats. Une nuit d’images tombe sur le monde entier, occultant notre expérience de démocratie participative sous le masque d’un pays ingouvernable-chaotique-où-il-faut-d’urgence-intervenir.

En réalité, si le Venezuela bouge et bouillonne aujourd’hui, c’ est d’une parole citoyenne critique, multiple, contradictoire. Les exclus de la mondialisation prennent enfin la parole. Des millions de vénézuéliens jusqu’ ici bâillonnés par un apartheid qui les considérait comme une plèbe violente, ignorante, se construisent `a présent une véritable citoyenneté. En 1989, l’explosion populaire du "Caracazo", sévèrement réprimée, avait déjà sonné le rejet des mesures néo-libérales par le peuple vénézuélien. Celui-ci veut s’engager aujourd’hui dans un nouveau chemin : la démocratie participative.

L’élection de Chavez en 1998 a confirmé ce renouveau.

Conscients de nos droits et de nos devoirs nous exigeons de nos gouvernants, non seulement qu’ils soient élus démocratiquement mais qu’ils gouvernent démocratiquement. Fort(e)s de notre Constitution Bolivarienne -une des plus démocratiques du monde, nous légalisons les terres des immenses quartiers populaires, inspectons les chantiers scolaires ou le matériel des hôpitaux, fortifions notre pouvoir de décision en élisant les nouveaux Conseils Locaux de Planification, créons des radios et des télévisions communautaires indépendantes du pouvoir politique, luttons pour la distribution des terres aux paysans pauvres, pour le contrôle public des ressources pétrolières et pour l’extension des Droits de la Femme, qui est ici à la pointe du changement social.

Ce printemps citoyen a sonné l’offensive tous azimuts de l’équipe Bush, qui finance l’opposition vénézuélienne dans sa reconquête du pouvoir.

En avril 2002 cette opposition avait déjà voulu stopper ces avancées citoyennes par un coup d’ Etat, suspendant toutes les instances démocratiques et déclenchant une répression meurtrière contre les secteurs populaires. La CTV, une des directions syndicales les plus corrompues d’Amérique Latine, le haut clergé, le haut patronat, les médias commerciaux, les cadres supérieurs de l’entreprise pétrolière PDVSA pressés de privatiser cette activité ainsi que des multinationales, conspirent ici avec la complicité des Etats-Unis et d’autres pays, comme l’Espagne. Tous unis pour renverser notre gouvernement et mieux briser l’élan d’émancipation du néolibéralisme qui traverse l’Amérique Latine depuis l’arrivée au pouvoir du Président Chavez et qui se poursuit avec les victoires électorales de Lula au Brésil et de Lucio Gutierrez en Equateur.

La Révolution Bolivarienne exprime le besoin de notre peuple de chercher des réponses concrètes aux problèmes posés par la mondialisation, maintes fois exprimés à Porto Alegre, Seattle et Florence. Une bonne manière de la défendre et de la consolider, c’est de faire connaître dans le monde entier la réalité de notre processus et de faire respecter votre droit à l’information bafoué par les grands médias.

Nous vous demandons de vous manifester auprès des rédactions de vos journaux, radios, télévisions pour que ceux-ci respectent enfin votre droit à l’information. Ecrivez, téléphonez, faxez, envoyez vos mails. Nous venons nous-mêmes de nous rassembler par dizaines de milliers, pacifiquement, devant le siège des télés commerciales, pour leur demander de cesser la campagne agressive, raciste contre notre processus de changement.

D’autres types d’actions sont possibles, et nous savons que dans le monde entier la solidarité alliée a la créativité commence à changer le rapport de forces. De façon urgente nous vous demandons aussi de vous manifester auprès d’ organismes des droits de l’homme pour leur demander de protéger ici les membres des médias communautaires que la télévision commerciale ne cesse de cibler comme " terroristes ", parce qu’ils sont nos seules sources d’information indépendante. Plusieurs d’ entre eux, à la suite de cette campagne, ont déjà été agressés par des brigades de choc de l’ opposition (Voir annexe)

Nous vous demandons aussi d’exiger de vos gouvernements de respecter et de faire respecter le droit d’un peuple de choisir le type de développement et de démocratie qu’il souhaite, et de soutenir clairement le gouvernement légitime du Venezuela.

ATTAC-Venezuela, Red Venezolana de Medios comunitarios, Asociacion Nacional de Medios Comunitarios, Alternativos y Libres, Coordinadora Campesina Ezequiel Zamora.

EMail : vensocialmov@hotmail.com

Annexe.

Ce que nous perdrions si la démocratie vénézuélienne était brisée dans son élan.

 1. Premières avancées du gouvernement Chavez.

Reprise en main de l’industrie pétrolière nationale jusqu’ici aux mains d’une caste privilégiée, pour la réorienter au service du développement national. Amorce d’une réforme agraire et extension de la zone de pêche réservée aux pêcheurs artisanaux, en vue de conquérir une souveraineté alimentaire. Lancement d’un programme de scolarisation d’un million d’enfants. Arrêt de la privatisation du secteur de la santé et de la sécurité sociale. Démocratisation du capital á travers les prêts populaires (Banque de la femme, Banque du Peuple, Fonds pour la Décentralisation). Lois des coopératives. Loi sur les hydrocarbures. Loi de la Fonction Publique.

Construction de plus de 92000 logements sociaux, adduction d’eau potable `a des millions de vénézuéliens. Baisse de la mortalité infantile de 2,1 % à 1,7%. Augmentation à 8% du budget de la santé. Doublement du budget de l’éducation. Parmi tant d’autres "crimes", le gouvernement du Venezuela n’a-t-il pas émis quelques critiques sur le Plan Colombia et l’Initiative Andine ? N’a-t-il pas suggéré que l’intégration de l’Amérique latine était prioritaire par rapport à l’établissement d’une zone de libre échange des Amériques, n’a-t-il pas noué des accords pétroliers avantageux pour les plus pays les plus défavorisés des Caraïbes ?

 2. Démocratie et pluralisme de l’information.

Le Venezuela vit encore sous la botte de groupes de communication transnationaux, dont le journaliste et spécialiste de l’ Amérique Latine Maurice Lemoine a étudié le rôle décisif dans le coup d’ Etat d’avril 2002. Médias racistes (vous n’ y verrez aucun(e) présentateur(trice) de peau noire, pour une population souvent d’ origine africaine) qui orchestrent une campagne pour créer le chaos, s’ aidant au besoin de manipulation subliminale et qui appellent toutes les minutes et dans un ensemble parfait, au renversement du président "assassin, dictateur". Car ces médias vont jusqu’a mettre en scène des morts pour pouvoir les attribuer à Chavez et justifier un nouveau coup d’ Etat.

Cette dictature médiatique a poussé la population à créer ses propres médias. S’ il est un signe palpable de la sédimentation de la démocratie participative, c’ est bien la multiplication des médias communautaires. Les quartiers populaires ou vivent 80 % de la population se dotent de radios et de télévisions, comme Catia TVe et Radio Perola à Caracas ou Teletambores à Maracay. La voix des sans voix sort de la longue nuit de la répression. Pendant des années, l’élite propriétaire du monopole des médias privés, identifiée aux gouvernements, envoyait la garde nationale détruire le matériel de transmission des médias populaires. L’élection de Hugo Chavez a mis un terme à cette répression. A la différence d’ autres pays ou les permis d’ émettre supposent de longues batailles légales, le Venezuela est aujourd’hui probablement le seul Etat au monde à octroyer des fréquences, directement et pou ! r plusieurs années, aux communautés elles-mêmes. Le règlement de la Commission Nationale des Télécommunications, (disponible en espagnol sur www.conatel.gob.ve ) définit la communauté comme seule productrice du message, lequel ne peut en aucun cas etre asservi à des intérêts politiques, religieux ou commerciaux. Ce règlement, négocié pendant des mois avec les médias communautaires, insiste sur la formation audiovisuelle permanente comme outil de prise de parole citoyenne. Un bond en avant pour la démocratie, qui signifie aussi la possibilité de renouer avec les pouvoirs de l’imagination longtemps écrasés par l’ importation effrénée d’images étasuniennes.

C’ est parce que les médias communautaires sont les seules sources indépendantes d’ information au Venezuela qu’ ils ont été la cible des putschistes en avril 2002. Torture, perquisitions, arrestations, célébrées par les médias privés, pendant que Miguel Angel Martinez, président de la Chambre de Radiodiffusion, signait en direct le décret des putschistes. Venezolana de Television, seule chaîne publique au Venezuela, traitée d’" ordure" par un des gouverneurs d’opposition, dut stopper ses émissions. L’échec du coup d’Etat face a la mobilisation populaire n’a pas empêché les médias à poursuivre leur objectif : rétablir leur monopole de l’information. Programmes ou articles attaquent systématiquement depuis des mois les médias communautaires, les accusant d’être à la botte du régime, ou d’abriter des "cercles de la mort". Réunis le 13 décembre dans un hôtel de Caracas, directeurs de quotidiens et de télévisions dénoncent, comme dans les semaines qui précédèrent le coup d’ Etat, l’ existence des médias communautaires et reconnaissent être investis d’une mission : empêcher la mise sur pied d’un régime castro-communiste au Venezuela. Une semaine plus tard un reporter de la Voz de Guaicaipuro est agressé par un groupe de choc de l’opposition qui venait de l’identifier comme un membre d’un média communautaire, et ne doit sa vie qu’a l’intervention de la police. D’autres médias ont vu leur matériel de transmission détruits ou leurs ondes brouillées ( Etats d’Aragua et de Zulia)

Nous demandons aux citoyens du monde entier de dénoncer auprès des organismes de défense de la liberté d’expression cette campagne systématique d’agressions qui contrairement a ce que disent les grands médias n’est pas le fait de l’Etat vénézuélien mais des grands groupes économiques transnationaux qui détiennent encore le monopole médiatique au Venezuela.

Quelques organismes auxquelles vous pouvez demander d’agir :
AMARC, Asociaciõn Mundial de Radios Comunitarias . amarc@amarc.org

Presidenta : Maria Victoria Polanco mavipo@mafalda.univalle.edu.co , director de legislaciones Gustavo Gomez : gusgomez@chasque.apc.org,

OEA : cidhrela@oas.org , pi@oas.org

ALER : lucho@aler.org

ALAI, Sally Burch : sburch@alainet.org

Committee to Protect Journalists :

info@cpj.org, americas@cpj.org, franksmyth@compuserve.com

RSF : ameriques@rsf.org

SIP : info@sipiapa.org, rtrotti@sipiapa.org

Et ... guida@freedomhouse.org alerts@ifex.org intpen@dircon.co.uk communique@ifex.org ftw@pen.org freepress@wpfc.org jdh-miami@att.net apg@infovia.com.gt ifj@ifj.org fxi@wn.apc.org sntp@reacciun.ve ipi@freemedia.at info@rcpf.org cjfe@cjfe.org outreach@ifex.org jss@euronet.nl hrwnyc@hrw.org nffe@online.no anp@amauta.rcp.net.pe pwhitehead@wan.asso.fr ncfe@ncfe.net webmaster@adidem.org cencos@laneta.apc.org ifex@ifex.org sussman@freedomhouse.org periodistas@asociacionperiodistas.org info@freemedia.

 
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