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Alain de Pouzilhac désavoué par les salariés de RFI

Nous publions une motion de défiance contre Alain de Pouzilhac adoptée hier (24 mai) par les salariés de RFI. Un communiqué intersyndical du 17 mai, publié à la suite, explicite les raisons de ce vote (Acrimed).

Intersyndicale FO - SNJ - SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI

La Démocratie a parlé !!!

Les salariés de RFI ont massivement rejeté ce jour la politique d’Alain de Pouzilhac en votant à 96,66 %, la motion de défiance proposée par l’intersyndicale.

Votes exprimés : 360
Défiance : 348
Confiance : 10
Nuls : 2

Cette motion de défiance fait écho au vote de décembre 2010 sur le projet de déménagement à Issy-les-Moulineaux refusé à 91,5 % des voix.

C’est donc l’ensemble des projets d’Alain de Pouzilhac qui sont contestés par le personnel. Ses propos devant la mission parlementaire, le 18 mai 2011 : « c’est les journalistes qui ont voulu la fusion avec France 24 » ne sont que mensonges.

Les salariés ne peuvent plus dorénavant travailler avec ce PDG désavoué.

Paris, le 24 mai 2011

***

Communiqué de l’Intersyndicale FO - SNJ - SNJ-CGT et SNRT-CGT de RFI

Alain de Pouzilhac, l’homme de l’échec

Paris le 17 mai 2011

A l’occasion de l’audition d’Alain de Pouzilhac par la Mission parlementaire, l’intersyndicale de RFI estime utile de souligner que le Président de l’AEF est aujourd’hui responsable du plus grave échec de toute l’histoire de l’audiovisuel français. A ce titre, il est totalement discrédité aux yeux du personnel, mais aussi de ses tutelles, voire des Etats étrangers qui acceptent la diffusion de nos programmes sur leur territoire.

Comment, en effet, accorder le moindre crédit à Alain de Pouzilhac qui, interviewé sur RFI en 2008 lors de sa nomination, déclarait : « Je pense qu’on doit être créateur d’emplois, sinon on aura échoué (…) et vous aurez devant vous le responsable de l’échec » ? Le même PDG affirmait alors publiquement que l’hypothèse d’une fusion RFI-France 24 serait « une erreur » et assurait qu’un tel projet «  n’était pas envisagé ».

Depuis, un premier plan social d’ampleur a été mis en œuvre dès 2009 et un second est programmé. De même un projet de fusion a été lancé dans des conditions qui s’apparentent plus à un « bricolage dans l’urgence » qu’au résultat d’une réflexion. Force est de constater que le PDG n’a même pas réussi à conclure un Contrat d’Objectifs et de Moyens entre l’AEF et l’Etat, prévu par le loi du 5 mars 2009.

Comment, également, accorder du crédit à un PDG qui a pris le risque insensé de se lancer dans une « guerre des chefs » avec son numéro deux, Christine Ockrent, dans des conditions calamiteuses et dont les effets sont catastrophiques pour l’image de RFI et de France 24 et portent également atteinte à l’image de la France à l’étranger ?

Comment accorder du crédit à un Président sévèrement critiqué par ses pairs, notamment Hervé Bourges, ancien dirigeant de RFI et ex-président du Conseil supérieur de l’audiovisuel, ou Michel Boyon, l’actuel président du CSA ?

Dans une interview récente, Hervé Bourges estimait que la « guerre de pouvoir » en cours à la tête de l’AEF « est inadmissible » et que ces deux dirigeants « donnent un spectacle public totalement scandaleux qu’aucune entreprise n’accepterait ». « Lors de la création de l’AEF, estimait Hervé Bourges l’idée était séduisante de nommer Alain de Pouzilhac (…) et Christine Ockrent. Mais ils ont failli (…) On peut être une grande journaliste ou un excellent homme de communication mais un piteux manager ». « Il faut tourner la page et repartir sur de bonnes bases » ajoutait Hervé Bourges en ajoutant qu’il était urgent que l’Etat actionnaire « mette fin à cette situation ». Tout en jugeant nécessaire une réforme de RFI Hervé Bourges se disait néanmoins « opposé à son démantèlement » en soulignant que, « depuis le début des années 1980 » notre radio « se place en tête des radios internationales en termes d’audience ».

Auditionné par la mission parlementaire, Michel Boyon, président du CSA, a estimé que l’image de l’AEF « est très affectée par les problèmes de gouvernance actuels » liés à la « guerre des chefs » et que ce problème « aura à terme des conséquences directes, visibles et auditives » pour les médias concernés. Le président du CSA a également souligné que, de son point de vue, il n’était « pas acceptable (…) qu’il n’y ait toujours pas de Contrat d’Objectif et de Moyens pour l’audiovisuel extérieur ». Un contrat qu’Alain de Pouzilhac n’a eu de cesse d’annoncer comme « imminent » depuis plusieurs années sans jamais la moindre concrétisation.

Dans un tel contexte, comment accorder un quelconque crédit à un président qui, en 2010, affirmait à l’Etat actionnaire qu’il pourrait diminuer fortement sa dotation à l’AEF à compter de 2012, en assurant qu’elle serait compensée par le développement des ressources propres –publicité et produits dérivés - dont on constate aujourd’hui qu’elles ne représentent qu’une infime portion des recettes dont l’AEF aurait besoin ? Comment accorder le moindre crédit au même président qui, en 2011, en est réduit à réclamer une rallonge budgétaire de 2,3 millions d’euros pour 2012 et de 3,5 millions d’euros pour 2013 afin, dit-il « de résorber l’impasse budgétaire dans laquelle se trouve l’AEF ». Alain de Pouzilhac a ainsi signé l’aveu de son échec comme en témoigne la décision du Premier ministre d’ordonner une mission de l’Inspection Générale des Finances. Dans sa lettre au PDG, le Directeur de cabinet de François Fillon soulignait cet échec, en précisant que le financement du nouveau projet concocté par Alain de Pouzilhac et sa direction « ne respecte pas la trajectoire de ressources publiques qui vous a été notifiée le 20 août 2010 ».

Alain de Pouzilhac et son équipe dirigeante sont désormais comptables d’un échec retentissant. Le projet de fusion proposé en toute hâte n’est pas prioritaire. Il ne s’impose pas. Il est scandaleux de voir un président poursuivre le rythme de cette réforme mal conçue en toute impunité alors que la mission parlementaire sur l’AEF avait demandé qu’aucune décision irréversible ne soit prise avant la remise de son rapport et alors que celui de l’Inspection des Finances n’est toujours pas terminé.

Tous ces dysfonctionnements ont été pointés par l’intersyndicale de RFI lors de son audition devant la mission parlementaire.

Face à une telle situation, l’intersyndicale de RFI demande aux tutelles d’ordonner le gel de tous les projets - fusion, déménagement, second plan social - menés par l’actuelle direction qui ne peuvent conduire au démantèlement de RFI et conduire l’AEF à un véritable naufrage financier et professionnel. L’intersyndicale estime qu’il y a désormais urgence, pour l’Etat actionnaire, à redéfinir la stratégie, les objectifs et les moyens de l’audiovisuel extérieur de la France en organisant de véritables Etats généraux réunissant enfin les compétences de tous les acteurs du dossier. L’échec patent d’Alain de Pouzilhac et de son équipe doit être enrayé pour mettre fin à un gâchis unique dans les annales de l’audiovisuel public.

 
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