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Les pyromanes de l’insécurité

... Violence et insécurité, jeunes et banlieues

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Les médias dominants ont fait leurs choux gras de l’ « insécurité » à un niveau d’intensité sans précédent au cours de la dernière décennie. Le thème se prête facilement aux pratiques journalistiques les plus douteuses, de la surenchère rhétorique au bidonnage pur et simple, en passant par l’usage incontrôlé de statistiques plus que fragiles (les prétendus « chiffres » de l’insécurité ou de la délinquance). L’exploitation racoleuse de faits divers tragiques hissée au premier rang de l’information nationale est une manifestation quasi quotidienne de ces dérives. Dans le même temps, le discours médiatique réduit généralement « l’insécurité » aux atteintes directes aux biens personnels et aux personnes privées. Il dramatise les comportements illégaux ou déviants des classes populaires, mais fait preuve d’une tolérance sélective en minimisant les dommages sociaux produits par la délinquance économique ou financière caractéristique des classes aisées. Enfin, à quelques exceptions près, il passe sous silence la grande variété des formes d’insécurité, à commencer par l’insécurité professionnelle et salariale. En dépit de leur variété, la plupart des médias produisent ainsi une représentation partielle et superficielle, voire trompeuse, des causes et des formes de l’insécurité. Si bien que la focalisation sur l’insécurité sert volontiers d’écran à la question sociale.