Accueil > Critiques > (...) > Élection présidentielle de 2007

L’encadrement éditorial du débat

... Comment tracer les frontières du politiquement pensable

Articles

Les mises en forme et les modes de traitement produisent notamment des effets de « cadrage » qui conditionnent ce dont on parle et la façon d’en parler, mais pas au point d’éliminer les thèmes portés par les candidats. En effet, la fonction d’agenda que remplissent les médias, en prescrivant moins ce qu’il faut penser que ce à quoi il faut penser, n’est pas à sens unique : la montée en puissance des formes modernes de la communication politique et des stratégies médiatiques des principaux candidats se traduit désormais par une interdépendance des agendas.

En 2002, par exemple, le thème de l’insécurité n’est pas « lancé » par les médias mais par Jacques Chirac qui en fait la pierre angulaire de son intervention du 14 juillet 2001 avant que les rédactions ne s’en emparent. Lors de la campagne de 2007, les candidats et leurs équipes ont réussi à forcer l’attention des médias sur quelques cibles que les médias, à leur tour, ont sélectionnées pour les placer au centre du débat public.

La campagne présidentielle devrait être l’occasion de mettre en avant les différentes options politiques qui se présentent au choix des citoyens, de manière équilibrée et pluraliste. Pourtant, il a été bien difficile pour les candidats affichant leur hétérodoxie par rapport à l’idéologie dominante de se faire entendre et, quand ils l’ont pu, c’était bien souvent dans de mauvaises conditions. Car les médias veillent à circonscrire les limites du politiquement pensable, en particulier en matière économique : malheur à qui s’écarte de la ligne libérale !